High Rise

gars de la street

( ta mère sur le capot) // Les parents d'El aimaient profondément la vie avant de s'aimer eux mêmes. Mais lorsqu'ils décidaient de s'aimer, ils le faisaient en grandes pompes, exactement celles qui supposent des aller et retour en suant et gémissant comme un bœuf. C'est sur le capot d'une voiture comme un œuf au plat que Elmer fut conçu, et ce fut à l'arrière de cette même voiture qu'il vint au monde, en tout aussi grandes pompes et à grand bruit, dans la nuit Chilienne. Les prénoms furent un collier d'indécision que notre ami porte aujourd'hui encore autour du cou ; personne ne sait lequel fut réellement déclaré, en admettant qu'il l'ait été.

( un aigle sur le dos ) // Padre était motard et maman faisait de la prière une occupation à temps plein, l'un tout le temps les doigts dans le cambouis noir l'autre dans la dentelle et le lin. Elmer en retira la rigueur des rituels et la connaissance de la mécanique, et cette dernière le porta en haut d'un trône de coussins pour démarrer le tracteur, puis le pick up, puis la moto, d'abord avec et puis sans clés, parce que la vie déjà, était trop courte pour les trousseaux en colliers.

( tu es le soleil ) // Elmer très tôt eut alors le soleil dans la gueule même quand il ne brillait pas dans le ciel. Fruit de gènes modestes il ne connut pas plus la famine que la richesse infinie, aussi apprit-il à se contenter de peu de choses tant qu'elles amenaient un sourire sur les lèvres de sa mère. Même un boulot d'assistant aux pompes funèbres pour aider le ménage lui attira de la fierté. Aveuglé par les petites choses il devenait imperméable aux grosses, aussi laissait-il dans un angle mort, dont il ne tenait de toute façon plus compte au volant, les billets froissés et les cicatrices qui semblaient s'accumuler dans la chambre conjugale à la nuit tombée.

( attrape-moi si tu peux ) // La vie réelle s'immisça dans son quotidien quelques semaines avant ses dix-huit ans. C'était une cérémonie d'obsèques tout ce qu'il y avait de plus banal, maman chialait des Ave Maria et papa était sorti téléphoner parce que toutes ces conneries rituelles lui couraient sur le haricot et pas sur le compte en banque. La nuée de balles s'abattit dans l'église, ne laissant derrière elle que terreur et désolation. Le champ de cadavres n'apparut à sa vue que lorsqu'il souleva le couvercle du cercueil dans lequel il s'était caché avec un inconnu, et que dans sa maladresse il avait oublié de sceller.
Ses parents le laissèrent après le dîner, prétextant un rendez-vous.
Dont ils ne revinrent jamais.

( papillon de lumière ) // À ses périodes profondément tendres et altruiste peuvent succéder des éclats d'égoïsme brusque qui le rendent difficilement vivable sur le long terme. Aussi peuple-t-il son quotidien de dragues sincères mais peu fiables, de contrats efficaces mais peu qualitatifs, et d'étreintes passionnées mais sans lendemain.  

( Um Soomaya Namaha ) // (c'est le mantra de salutation à la nouvelle lune si ça t'intéresse) Marqué par les rituels de sa mère, Elmer reste habité suite à sa disparition d'une profonde et tenace superstition. Pierres, pendules et autres incantations maladroites peuplent son quotidien et provoquent autant le rire nerveux que la fascination exotique.

( 100 balles et un mars ) // Ses balades régulières et son sens de l'observation lui confèrent une grande connaissance des lieux, des habitudes et des habitants. Aussi fait-il un excellent informateur pour le légal comme le moins légal mais surtout une bonne grosse commère de comptoir qui ne manque pas de monnayer les détails qu'il peut bien lâcher du bout des lèvres.

( J'irai chercher ton coeur  ) // Elmer est tombé amoureux une fois dans sa vie et c'était d'un homme, ce qui a profondément heurté son éducation et ses croyances, d'autant plus qu'il s'agissait d'un ami d'enfance. Ils se sont tournés autour un moment, ils se sont aimés très fort, et devant la différence de leurs caractères et modes de vie, ils se sont malheureusement séparés. Elmer pense souvent à lui, mais désormais son cœur est aux femmes.

( oh cousine, tu danses ? ) // Elmer s'est coulé dans l'ombre d'un ténébreux cousin pour noyer sa peine plus tôt dans l'année. Il a commencé à travailler pour lui dans des circonstances peur recommandables jusqu'à ce qu'une fusillade à Détroit tourne mal. Afin de le mettre en sécurité quelques temps, ledit cousin l'a caché dans le coin, c'est comme ça qu'Elmer s'est retrouvé au Square. Mais se cacher, franchement, lui...?

( Les filles du dicton) // Elmer aime les demoiselles plus qu'il ne saura jamais le traduire de son élocution pour le moins vacillante. Il se fait à leurs allées et venues incessantes dans sa vie comme, à vrai dire, il les provoque.