High Rise

Roulette ; Alwin, Nell, Zaiden


Horreur !
Le fils de Nell a disparu.

C’est la rumeur qui se propage dans le hall d’entrée ce matin. Alors que Nell venait simplement relever son courrier, elle s’est absorbée un instant dans un poème qu’un habitant du Square a laissé dans sa boîte aux lettres. Le temps qu’elle se demande qui était ce joyeux luron qui l’avait signé, la chair de sa chair avait foutu le camp. Quelques appels d’abord étonnés, puis joueurs, puis plus en colère et enfin désespérés. Robert, en train de traiter avec un Alwin venu se plaindre de la coupure de courant, n’a rien vu venir, et il s’apprête à appeler la police, quand soudain une main sort de l’ombre pour pointer sèchement Zaiden du doigt, alors qu’il venait juste rendre visite à son pote Harley croisé récemment dans un club.

« C’EST LUI ! »

Un instant plus tard, la source de la voix a disparu, et tous les regards sont tournés sur Zaiden. Joyeux Hunger Games !

C’est l’angoisse de tous les parents. De toutes les mères. Détourner le regard la seconde de trop et le pire arrive. Circonspecte face au poème qu’on lui a glissé, elle a pris le temps de le lire deux fois, et de le retourner sous toutes les coutures pour débusquer un message caché en vain. Quand elle a relevé les yeux, Aidan n’était plus là. Et là voilà, tremblante et incapable de raisonner correctement tandis que les badaux de l’immeuble l’entourent déjà et que tout le monde y va de son petit avis. Ca l’agace. Ca remonte depuis ses tripes jusqu’à la gorge pour venir gratter la langue et le palais, tandis que la peur panique loge dans le fond de son ventre. Le hurlement et la main la font se tourner en même temps que tout le monde vers celui qu’on a désigné comme coupable. Elle inspire, expire, tente d’arranger les pensées qui cognent et s’entrechoquent dans son crâne, toutes dirigées vers Aidan. C’est pas son genre, au gamin, de disparaitre comme ça, au contraire. Il sait qu’il doit être vigilent, faire attention. Et s’il ne se méfie pas assez à son goût, sait qu’il ne doit pas faire n’importe quoi.

Alors, elle braque ses yeux vers celui qu’on a dénoncé, et parce qu’elle ne raisonne plus, elle choisit de croire à cette accusation, du moins en partie. Mâchoire serrée, l’epsrit et le corps en vrac, Nell s’approche et empoigne l’homme par le col. « J’te donne même pas une minute avant de te péter le nez si tu me dis pas où il est. » Oui, Nell est la plupart du temps polie, aimable et agréable. C’est juste que personne n’a encore eu à voir l’autre versant de son caractère.

Laing était esthétiquement charismatique, ce qui lui donnait beaucoup de points dans ta capacité à faire preuve de patience. Ce qui était également une façon un peu étrange de te voir car tu étais du genre bonne pâte et les fois où tu avais été agressif avec des étrangers ou des employés se comptaient sur les doigts d’une main. C’était pourtant si loin de ton caractère habituel que tu les grossissais un peu trop et tu t’imaginais y voir une habitude. Légèrement contrarié de voir que l’attention du concierge se posait ailleurs, tu entrepris d’aller mettre ton nez dans les affaires qui n’étaient pas les tiennes.

De ce que tu avais compris, c’était une histoire de gosse qui aurait disparu et quand ça parlait d’enfants, t’étais comme la majorité des gens : impulsif, prompte à croire la foule et lyncher le potentiel agresseur. Roulant déjà des mécaniques, tu t’approchais de la mère qui n’avait très certainement pas besoin de toi et, peu porté sur l’agressivité, tu lâchais un « Mec, c’est pas cool ce que tu fais, dis où il est ! » d’une grosse voix qui ne collait pas du tout à la situation.

Ses lèvres s’ourlent d’une grimace qui n’a rien d’un sourire, mais plutôt d’un rictus féroce de mère en colère tandis que l’autre en face lui parle comme à une demeurée. L’envie de lui exploser son joli petit minois lui passe dans le sang brièvement et provoquer des picotements dans ses mains. L’espace d’un court instant, quelques secondes à peine, elle oublie que c’est Aidan qui manque à l’appel et ce concentre sur sa colère qui lui ronge les tripes et lui fait pulser le cœur brutalement dans la poitrine, dans les tempes, dans le cou. Et le goût amer qui l’accompagne tapisse son palais et démange la langue. Mais bien vite, c’est l’angoisse qui refait surface, et elle vrille ses mires à celles du jeune homme qu’elle tient encore par le collet. « J’ai pas le temps d’être sympa », elle siffle. « Où est mon môme ? » elle articule, le timbre furieux avec en arrière plan, les trémolos de la supplication. Nell prête à peine attention au jeune homme venu lui porter main forte, mais qui lui aussi ne semble pas croire que ce n’est pas celui qu’elle tient entre ses mains. Il lui fait l’effet d’un chaton qui gonfle le poil pour se rendre plus impressionnant. Cela dit, ce soutien est le bienvenu et la réconforte (même si pour l’instant, elle ne ressent aucun réconfort et qu’elle se retient fortement de faire quelque chose qu’elle regrettera plus tard.)