High Rise

Le ciel nocturne recouvrait avec bienveillance la ville, signifiant à la populace grouillante que morphée n’allait guère tarder à venir les visiter. Avery savait que cela était le signal pour faire rentrer Elisabeth dans le logis maudit. C’est avec attention qu’il la dirigeait à l’intérieur, la journée s’était faite douce, il avait alors décidé de la faire dîner sur la terrasse. La belle endormie rejoint finalement sa chambre. “Bonne nuit Elisabeth, comme toujours je garde mon bipeur sur moi, n’hésitez pas si vous avez besoin de mes services.” Lui rappelle-t-il encore ... Il se demande si cela l’atteint, à tel seulement conscience de sa présence ? De qui il est ? Ou bien n’est-il qu’une ombre gravitant autour d’elle et son esprit embrumé ? Orion-charles allait-il le détruire au point qu’il finirait lui aussi dans le même état ? Il avait beau détester son père, il ne semblait pas si diffèrent de lui ... Le secrétaire laisse sa patiente sombrer dans un sommeil réparateur, et qu’il espérait sain de tout mauvais rêves. Il lui fallait à présent se presser aux fourneaux pour le dîner de son employeur. Parfois, alors qu’il fixait la viande gorgeant de sang, fumant sous la cuisson, il se disait qu’il serait si simple d’ajouter un ingrédient qui le libérait d’Orion ... Si l’idée lui avait plus d’une fois traversé l’esprit, jamais il n’eut le cran de l’appliquer ... Preuve qu’il était bien trop collé à son sanguinaire patron, il devenait aussi tordu que lui.

Table dressée, un unique couvert disposé, il se rend à la porte du bureau d’Orion-charles y toquant pour faire savoir sa présence. “Le dîner est prêt monsieur” prononce t’il sans plus de cérémonies. L’homme détestait qu’il l’appelle monsieur et le vouvoie, mais il ne comptait pas arrêter ! Ça l’emmerde ? Tant mieux ! C’est ce qu’il récolte pour les mots prononcé cette soirée-là ... Avery sait bien qu’il sera le blâmé pour tout cela, il a l’habitude depuis gamin d’'être pris en faute quand il n’y est pour rien ... Il s’était livré à cette agonie sans fin aux côtés du dragon, pouvait-il vraiment se plaindre ou émettre des regrets ? Mais d’un autre côté n’était-ce pas tout ce qu’il lui restait ?

Il lui sert son verre de vin ne se prononçant guère sur l’absence de son assiette. Pour être honnête, il avait même pensé se barrer sans un mot à la piscine pour se changer les idées le temps que son bourreau ne se couche ... Il n’avait pas envie de le voir, aujourd'hui était un jour des plus moroses ou le comportement puéril du dragon lui portait sur les nerfs avec ferveur. Il avait besoin d’un peu de solitude ... “Bon appétit monsieur, dites-moi si quoi que ce soit vous manques.” souffle t’il insistant bien sûr le ‘Monsieur’ avant de se diriger sans plus de cérémonie vers la terrasse, sans un regard en arrière. Il clôt la baie vitré maigre rempart entre sa souffrance et cette petite pause qu’il entendait savourer. Avery fouille dans la poche de son pantalon sortant l’écran en argent lui servant de porte-cigarette. Il n’avait jamais été un grand fumeur, il avait essayé par curiosité plus jeune, depuis il gardait quelques tubes de cancer sur lui n’en fumant qu’un de temps à autres quand ses nerfs étaient à vif. Il coince le petit tube de papier entre son index et son majeur faisant pénétrer la nicotine dans ses poumons. La fumée blanche s’étire, dansante vers le ciel clair, mais peu étoilée. L’air frais, vient lui membre sa peau pâle peu protéger par sa fine chemise noire. Air de corbeaux mal famé qui observe la ville et ses méfaits. L’esprit qui divague vers tout et rien, la peur dans la nuque d’entendre cette foutue porte s’ouvrir et la présence d’Orion le rejoindre ... Ambivalence coupable d’en avoir, au fond, l’envie ...