High Rise

La respiration régulière, tu veillais à garder ton calme. Ton attention se portait tantôt sur l'homme en-dessous de toi, tantôt sur Zara qui continuait à faire évoluer votre montée. Les paumes chauffées grâce aux câbles, tu t'y maintenais le plus fortement possible pour éviter de chuter maintenant que vous vous étiez déjà bien éloigné de l'ascenseur dont vous aviez réussi à vous tirer. « Ça va, vous tenez le coup ? » Tu préférais leur demander, juste histoire de t'assurer qu'aucun des deux ne serait capable de lâcher d'un moment à l'autre. Le plus dur était fait, maintenant il allait falloir vous serrer les coudes pour ne rien lâcher. Pas si proches du but, en tous cas. T'avais pas spécialement peur pour l'autre type, il était suffisamment battis pour pouvoir escalader les quarante étages à une main. Pour Zara, s'en était tout autre chose, pas que tu la sous-estimais mais tu t'inquiétais, un peu, quand à sa force physique, incapable de savoir jusqu'où elle tiendrait. Chaque fois que vous vous hissiez, tu regardais autour de toi, à la recherche d'un outil, d'une bricole magique qui serait capable de vous offrir un aller simple vers la liberté. Tu finissais par apercevoir une barre de fer. Pas bien large, pas forcément bien solide mais suffisamment pour faire briller tes iris. « Zara, au-dessus de toi, à ta gauche, tu peux déloger la barre contre le mur et la prendre. » Tu lui balançais comme pour lui donner un ordre parce que la barre était clairement hors de ta portée.

T'essayais de voir devant toi, la tête relevée, espérant pouvoir poser le regard sur la fameuse plateforme dont elle parlait. Mais tout ce que tu pouvais voir c'était l'arrière train de Zara qui continuait à se hisser le long des câbles. Dans d'autres circonstances, ça t'aurais pas dérangé mais là, ton instinct de survie avait pris le dessus sur tes besoins « vitaux ». Tu soupirais. « Elle est grande comment, la plateforme ? On tiendrait à trois dessus ou pas ? » Tu finissais par pivoter sur la corde pour te retrouver face à Zara et à l'autre homme, ta tête basculant en arrière alors que tu jetais un coup d'œil plus haut. Il restait des dizaines et des dizaines d'étages à grimper avant que vous ne puissiez atteindre le couloir du quarantième. Tu serrais les dents, frileux et désemparé. Jamais de la vie vous tiendrez jusque là. « Tu veux un café aussi tant qu'on y est ? C'est pas le moment d'faire une pause, faut à tout prix qu'on continue avant que les câbles menacent de lâcher. T'es plus forte que ça non ? Aller, j'crois en toi alors mets-y du tiens. » Tu râlais, incapable de contenir ton exaspération, clairement de plus en plus dépassé par la situation.

Tu finis par te hisser à ton tour, retrouvant la stabilité de la plateforme aux côtés des autres. « On t'assure ? Si tu tombes on va pas pouvoir te rattraper, t'en est conscient de ça ? » Il était clairement mieux conditionné que toi et Zara, le corps plus large, plus fort, nettement plus puissant. S'il venait à chuter, ni toi ni Zara ne pourraient le rattraper. T'avales ta salive dans un bruit sourd. « Ok.. Ok. J'imagine qu'y'a pas le choix de toute façon. » Même si t'aurais préféré qu'on t'envoie tout pour forcer la porte. Après tout, ça aurait pas été la première fois que ça devait arriver.
Incapable de te situer, de comprendre à quel étage vous vous retrouviez bloqués. Un sursaut secoua ton corps lorsque le slave te plaqua au sol. « Putain qu'est-ce que tu branles ? Qu'est-ce que tu m'racontes » Les sourcils froncés, tu le jugeais tout complet. Il t'avait appelé comment là, Jacques ? Tu finis par porter tes mains sur son torse pour le dégager et te libérer de son poids. « Barre toi, c'est pas le moment de s'la jouer rugbyman mec. Putain, grimpe t'attends quoi ?! » Agacé, ton regard se portait ensuite sur la blonde avant que tu ne soupires bruyamment. « Vous avez tous pété un plomb ou quoi ? » Tu t'approchais d'elle, tes mains se posant sur ses joues pour envelopper son visage, tu la forçais à planter son regard dans le tiens. « Tout vas bien se passer, ok ? Tranquille, respire... Doucement.. On s'ra bientôt sorti de là. » Tu la forçais à calquer sa respiration sur la tienne. T'essayais de garder la main sur la situation, mais tout était beaucoup plus compliqué que ce qu'il n'y paraissait. Encore plus si les autres commençaient à perdre le contrôle sur leurs émotions.