High Rise

Quand elle rentre de la bibliothèque ce soir là (où elle a durement révisé un examen de sciences pour le lendemain), Nell sent au moment même où elle pousse la porte de chez elle que l’ambiance est electrique. Son père est déjà rentré, déjà rouge, déjà braillard, et ça pue l’alcool a plein nez. D’ailleurs, elle n’a même pas le temps de passer la porte que sa mère passe comme un fantôme dans le couloir, les yeux rouges d’avoir pleuré et le visage pâle. Dépitée et fatiguée d’avance de la soirée qui s’annonce chez elle si elle reste, elle fait demi-tour et se dirige vers un autre appartement. Elle sonne, on lui ouvre, elle salue tout le monde comme d’être chez elle et se dirige vers une chambre minuscule, où elle retrouve Billy, occupé à ses affaires de garçons. « Salut ! » elle fait avec un détachement qu’ils ne savent pas sincères. Lorsqu’elle débarque comme ça, ils savent que c’est parce que chez elle, ça pue le gaz près à s’enflammer. Nell, depuis longtemps, a décidé de ne plus s’y brûler. Du reste, il arrive qu’elle ne rentre pas de la semaine et personne ne semble s’inquiéter de ne la voir.

Dans la chambre du garçon, il y a depuis longtemps un petit espace où elle laisse quelques affaires pour ce genre d’occasion, et elle donne l’argent de son repas de midi à la mère de Billy comme compensation pour sa présence, les repas, les lessives, l’accueil. « Tu fais quoi ? » elle demande en le voyant bricoler un truc sans reconnaître quoi. Elle dépose son sac de classe dans un coin de la pièce, retire ses chaussures et grimpe sur le lit pour s’y assoir, le dos droit contre le mur.