High Rise

Sa galerie était l'un des endroits les plus réconfortants pour lui. C'était là qu'il exprimait son art en toute sécurité, il y passait beaucoup de temps. A tailler la pierre, la glace parfois, mais aussi le bois. les échardes danss es doigts pouvaient être nombreuses quand il taillait du bois. Mais c'était toujours sa matière préférée à travailler. Car il pouvait s'agir d'un immense bloc de bois comme d'un tout petit à tailler quand il attendait dans les transports. C'était plutôt pratique, et il se sentait plus en liberté quand il taillais le bois. Mais aujourd'hui, il n'allait pas tailler du bois. Il allait tailler la pierre. Le matin même, il avait reçu un gros bloc de pierre, un peu plus grand que lui, qui mesurait déjà plus d'un mètre quatre-vingt. Après sa pause déjeuner, il s'était mis en tête de faire sa paperasse avant que son modèle n'arrive.

Léno était complètement plongé dans ses papiers, si bien qu'il n'entendit pas la porte s'ouvrir et se refermer, ni même les pas d'Isaiah sur le sol en parquet. Il s'était assis en tailleurs derrière le comptoir, de sorte à ce qu'il ne soit pas visible, pas même de l'extérieur. La meilleure façon de travailler pour lui : caché de tous, aucun moyen d'être déconcentré ainsi. Il n'entendit que de manière lointaine les mots du jeune modèle, et les écoutèrent seulement quelques secondes plus tard. Alors, il posa une main sur le comptoir et se redressa pour passer sa tête et voir Isaiah. Il l'observa de haut en bas, essayant de deviner ses courbes à travers ses vêtements. « Ah. Attends deux minutes. » Son accent français ressortit bien évidemment, allant avec sa voix grave. Il se cacha à nouveau et termina de ranger ses papiers avant de se relever sur ses deux pieds. Ses cheveux en bataille tombèrent devant ses yeux, il les remit en arrière d'un coup de main assuré tout en soupirant. « OK, c'est bon. Je suis Léno. Je vais fermer la boutique pour qu'on soit plus traquilles. J'ai mis le chauffage dans l'atelier, c'est la porte là-bas, tu peux y aller et te préparer, j'arrive. »

Sans attendre, Léno attrapa ses clés sur le comptoir et alla fermer les grillages des vitrines dehors. Il pensait avoir précisé dans son annonce que c'était pour du nu, voilà pourquoi il a précisé qu'il avait mis le chauffage. Mais il ne savait pas qu'il ne l'avait pas fait finalement, alors il ne savait pas qu'Isaiah s'était habillé ainsi pour être sculpté dans ces fringues. Eh bien, Isaiah allait avoir une belle surprise.

L'endroit était très chic et sobre, simple mais efficace, tout ce qu'il fallait pour que la magie de l'art opère. J'avais toujours eu un petit penchant pour l'art en général, tout ce qui résultait d'une créativité débordante m'avait souvent fasciné pour tout ce qu'on pouvait en faire. Je n'avais jamais vraiment pris le temps d'exploiter la mienne. Alors l'expérience d'aujourd'hui était un peu un premier pied dans ce monde là. Peut être que ça me plairais, peut être que non, quoi qu'il en soit c'était une expérience intéressante.

Après avoir essayé d'interpeller quelqu'un pour avertir de ma présence, j'avais vu ta tête dépasser de derrière le comptoir, et j'avais haussé les sourcils d'un air surpris, puis j'avais eu un petit rictus amusé. C'était rare de voir des gens travailler caché derrière leur comptoir. J'avais directement remarqué ton accent, sans pour autant deviner qu'il venait de France et j'étais plutôt curieux à ce propos.

Après que tu sois venu vers moi en te présentant, je m'étais incliné légèrement pour te saluer.

"Enchanté.. je suis Isaiah"

J'avais relevé mon regard vers la porte que tu m'avais désigné et m'y étais dirigé vers celle ci sans vraiment comprendre pourquoi tu me parlais de chauffage. Il faisait plutôt bon ici, et d'ailleurs si j'avais su qu'il faisait si bon j'aurais surement mis quelque chose de plus léger. J'avais un peu peur d'avoir chaud, mais je pourrais surement demander à baisser le chauffage si j'avais un coup de chaud.

Arrivé dans l'atelier, et bien, c'était à peu prés comme je me l'étais imaginé. Tout était disposé pour travailler, outils, matériel, ainsi que ce gros bloc de pierre gigantesque face à moi. Alors ce bloc de pierre allait se transformer en moi ? C'était assez marrant, et intéressant, j'avais hâte de le voir une fois terminé !

J'avais retiré mon manteau, et je m'étais assis tranquillement sur le petit tabouret au milieu, attendant sagement ton retour alors que je regardais quelques unes de tes créations, finis ou non à plusieurs endroits de l'atelier. Tu avais l'air vraiment doué.

Pour Léno, un corps n'était qu'un corps. Il n'était pas du genre à s'exciter dès qu'il voyait des parties génitales. Au contraire, il était plutôt curieux de voir comment les autres pouvaient être formés et tailler ça dans la pierre, ou parfois le dessiner, sans pensée perverse ou quoi que ce soit lié à toute forme de sexe. Voilà pourquoi il ne s'en faisant pas trop quand il voulait sculpter du nu. En vérité, il préférait le nu parce que pour sculpter des vêtements, il fallait avoir le sens du détail. Léno l'avait, mais il ne voulait pas trop s'ennuyer et préférait largement le nu. Lorsqu'Isaiah se présenta, Léno hocha simplement la tête. C'était quelque chose qui le caractérisait : son manque d'expression faciale. Il ne souriait que rarement, mais quand il le faisait, c'était avec tout son cœur. Il alla donc fermer les grillages des vitrines, laissant Isaiah visiter l'atelier à sa guise. Il ferma la porte à clés puis partit dans l'atelier.

Léno fut surpris de voir Isaiah encore entièrement habillé, seulement débarrassé de sa veste. « Euh. Faut que tu te déshabilles. Tu veux de l'aide ? » Léno pensait avoir été clair dans son annonce, mais il n'avait pas songé s'être trompé dessus. Il ne savait pas qu'il avait oublié de mentionner que c'était pour du nu. Il s'avança dans la pièce, vers le gros bloc de pierre qui trônait près du tabouret. « Tu peux poser tes fringues sur le fauteuil là-bas. » Léno avait aussi préparé une bouteille d'eau pour son modèle. Passer autant de temps debout dans une certaine position pouvait être épuisant et Léno prévoyait des pauses régulières pour ses modèles, pour ne pas les épuiser trop rapidement.

Se déshabiller ? Pourquoi faire ? Rapidement mon cerveau se mit à chauffer alors je me demandais ce que je devais faire. Mon corps bouillonait de panique, et je sortis rapidement mon téléphone pour revoir l'annonce. Effectivement dans celle ci, il n'y avait pas été précisé qu'il faudrait à un moment ou un autre, se déshabiller. Mais en déscendant plus bas dans les avis et recommendations, je pu lire plusieurs commentaires disant à quel point l'artiste mettait parfaitement à l'aise ses modeles même les plus gênés à l'idée de poser nu. Immediatement mon corps se tendit et mon coeur s'accéléra. Poser nu ? Il n'était pas du tout question de ça à la base. Certes j'étais venu ici dans le but de vivre une nouvelle expérience, mais l'idée du nu aller encore plus loin que ce à que j'avais pensé. Est-ce que j'en serais capable ? Je n'en avais aucune idée, mais peut être que j'étais l'exception de cet artiste.

En me relevant du tabouret haut, je déglutis en demandant, avec peu d'espoir que ma question change quelque chose.

"Euh.. ça n'avais pas été précisé que je devrais me deshabiller... c'est pas possible de.. les garder ?"

Je designais alors mes vêtements d'un signe de tête, esperant que peut être ça le convaincrait.

Léno avait complétement zappé de préciser dans son annonce qu'il s'agissait d'un modèle nu, qu'il voulait. Il pensait que ça avait été évident au vu de ses précédentes demandes mais visiblement, le jeune ne savait rien de l'artiste qui était une pointe déçu. Mais de toute façon, ce garçon n'était pas venu pour rien. Il allait devoir se déshabiller, quoi qu'il arrive. Léno se mit à penser que s'il était venu, c'était surtout pour la bonne rémunération qu'il promettait. Il se redressa un peu surpris, son regard sur le visage du modèle. « Mh... Non, désolé. Mais ne t'en fais pas. Je suis pas là pour juger ton corps. Je suis pas un pervers alors détends-toi. Tu peux garder ton sous-vêtement pour le moment si tu veux, je vais commencer par la tête. »

Il espérait tout de même que son modèle accepte de se déshabiller. Il n'avait aucun intérêt à le sculpter avec ses fringues. Mais plus que ça, ça l'emmerderait. Chaque pli était un détail supplémentaire à ajouter et si le modèle bougeait, il fallait retrouver les plis qu'il avait auparavant. « Je peux pas te sculpter dans tes fringues, ça serait aussi chiant pour toi que pour moi. Mais bon. Mets-toi à l'aise. Visite si tu veux. Prends ton temps. T'as des complexes ? » Conscient que ça prendrait certainement un petit temps avant que le modèle ne soit à l'aise, Léno alla s'asseoir dans un des fauteuils et lui tendit un catalogue regroupant toutes ses sculptures nues qu'il avait pu faire depuis qu'il s'y était mis. « Tiens. C'est tout ce que j'ai fait en nu jusqu'à maintenant. Tu t'appelles comment ? » Souvent, les modèles avaient du mal à se déshabiller parce qu'ils ne connaissaient pas Léno. Dans ce cas, il faisait de son mieux pour intégrer un climat de confiance, même s'il n'était pas vraiment à l'aise socialement. D'ailleurs, les modèles pouvaient le constater et craquaient quand ils le voyaient maladroit, à essayer de les mettre à l'aise.