High Rise

A force de traîner au bord de la piscine, l'odeur de chlore lui colle à la peau. Journée radieuse, mais pas moins épuisante pour autant, Vasco quitte en trombe les vestiaires, sac à dos balancé sur l'épaule, sous un nuage de déodorant, Axe for man, et deux traits d'anti-cernes pour camoufler ses valises mauves, pour se diriger vers le garage. Faut aller voir la bête avant la course de ce week-end, un nouveau bolide qu'Inigo à qualifié de "pépite".
Le pire dans tout ça, c'est que Vasco il n'y connait rien en voitures, lui, il ne se contente que de conduire, et ça lui convient très bien. La mécanique, c'est trop compliqué, il laisse ça aux pros, et qui d'autre qu'Inigo pour faire le taf ? Chacun son métier.

D'ailleurs, il ne lui reste qu'une heure trente avant de partir sauver des vies jusqu'aux petites heures de la nuit. Montre en main, il saute hors du Square et marche d'un pas rapide et décidé vers Chicago Avenue.
Sur place, personne. Il n'y a que l'odeur de cambouis pour l’accueillir. Vasco s'installe sur le capot d'une vieille deux chevaux. Après quelques minutes d'attente à regarder les voitures qui trônent, Inigo décide enfin de se montrer.

"J'aurais préféré un autre accueil. C'est comme ça que tu traites le meilleur de tous les pilotes, maintenant ? " Sourire sympathique au coin des lèvres, d'un coup de reins, Vasco saute sur ses pieds pour taper l'épaule d'Inigo sans volonté de faire mal. "Bon, c'est laquelle ?" qu'il demande en brasant du regard le garage.

Vasco laisse gentiment le mécanicien se moquer, parce qu'il sait très bien que malgré tout, c'est plus de la sympathie qu'autre chose. Puis les conversations légères, ça fait du bien. L'annonce d'avoir la même voiture que la dernière fois le fait légèrement sourire. C'est Inigo qui choisit les voitures, et il faut bien avouer qu'il les choisit bien, même si Vasco ignore tout des raisons de ce choix. Et quand bien même cela le ferait sourire. Vasco est loin d'être un type difficile, pour lui, tant que les autres son contents de lui, ça lui va. Inigo blablate, le pilote écoute à moitié, trop absorbé par la nouvelle voiture qu'il a trop hâte de tester. "Qu'est-ce qu'il a mon déo? " Oui, c'est tout ce qu'il retient. "Ca sent pas bon ?" Oui, il s'inquiète. Il a changé de gamme, alors peut-être que son odorat n'est pas si affûté que ça ? Qui sait ? Sans autorisation, il se met à sa place : derrière le volant. Même si c'est la voiture d'Inigo, c'est lui qui conduit. Et bordel, qu'est-ce qu'il a hâte de l'essayer.

La moue de chien battu fonctionne, et c'est avec un large sourire aux dents parfaites qu'il attrape les clés. L'est content Rossi. "Mais oui, mais oui." qu'il réponds sans trop penser aux conséquences. S'il lui donne les clés, c'est que c'est safe, non ?  Il insère la clé dans le contact, presse le bouton et le moteur vrombit immédiatement. Rossi se secoue comme un gamin lors d'un matin de Noël et pianote sur le volant. Demander d'aller faire un tour serait un peu abuser, non ? Il décide de rester tranquille et presse la pédale pour entendre le ronronnement. Le son est doux, mélodieux, mais il plisse les sourcils. Y'a une pression étrange sur la pédale. Peut-être qu'elle est bloquée ? Vasco, recule le siège et regarde sous le volant, rien ne bloque. Étrange. Il recommence et un bruit du feu de dieu résonne dans tout le garage avant qu'une fumée noire s'échappe de l'arrière de la voiture.
C'était pas le genre de bruit qui était rassurant.

Vasco ne bouge plus et lève les bras et scande d'un air innocent : "J'ai rien fait, j'te jure !" La fumée noire se fait de plus en plus épaisse, et par réflexe, Vasco retire la clé du contact et sort de l'habitacle. Il contourne la voiture, et agite ses mains pour diluer la fumée, ça pique les yeux. "Ptete que finalement, elle sera prête dans un mois ? " Il lance une boutade maladroite, il ne sourit pas vraiment et prie pour qu'Inigo ne se fâche pas trop fort.

La définition de l'odeur du déodorant par Delgado le laissa pantois. Les filles, elles aiment le fondant au chocolat, non ? Ini est juste jaloux, c'est tout. "M'en fiche, je préfère sentir le fondant que l'essence, voilà." Il ricane un instant avant de se planquer dans la voiture.
Puis le drame.
Et vraiment. Juré craché sur la tête de Jesus, Vasco s'en veut. Il gueule Inigo, et il gueule bien.

"Je...pardon.. j'pensais pas..."

Ah ben non qu'il pense pas ! Il se sent comme un crétin et préfère fermer sa gueule. Il se pince les lèvres, mal à l'aise. Décevoir les gens, c'est déjà pas un truc qu'il aime faire, alors voir son pote (est-ce que c'est son pote ? ), son collègue réagir comme ça, ça l'a fout mal.
Sous les ordres, il s’exécute. Il actionne le bouton sous le siège de la voiture (hj : on va dire qu'il est là, hein) et dans un petit bruit soufflé, le capot se soulève. Les doigts de Vasco glissent entre les deux parois à la recherche du truc-qui-sait-pas-comment-ca-s'appelle, et tire le loquet. Il lève le capot, l'accroche avec l'autre-truc-dont-il-ignore-le-nom et évite le regard du mécanicien.
Un pilote comme toi es censé faire un peu gaffe.
Ca lui fait un p'tit pincement au coeur. Ses lèvres se font martyriser par ses incisives de l'intérieur. Il baisse les yeux, préfère regarder ses chaussures que les yeux verts du mécanicien. C'pire que des éclairs ceux-là.

"J'peux faire quelque chose ? " qu'il ose demander d'une voix pas vraiment assurée. "J'peux payer les pièces si tu veux."

Les baffes verbales s'enchaînent. Faut dire qu'il est doué pour taper là où ça fait mal. Inigo et les autres peuvent pas vraiment savoir, mais Vasco n'est pas le genre de gars à avoir confiance en lui, mais plutôt du genre à vivre à travers le regard des autres. Et ça, malgré tous les masques que Rossi est capable de porter. Ca l'arrange bien, c'est pas comme si les gens du milieu étaient de fins psychologues. D'ailleurs lui-même vous dira qu'il n'a aucun soucis avec ça.
A d'autres.

Un pouvoir magique pour faire les choses de travers apparemment. Vasco décide de se taire afin d'éviter tout autre conflit, Dieu sait à quel point ça le met mal à l'aise et attrape le bouchon qu'Inigo lui tend.
Le silence, c'est bien, mais il préférerait être ailleurs. Y'a toujours cette petite boule de honte et de malaise dans l'creux de son bide, trop vide d'ailleurs, que pour vouloir seconder Inigo. Il évite même tout trait d'humour du genre "ouais, ça j'peux y aller pour le briser" ou ce genre de truc que les personnes à l'aise peuvent bien balancer. Vasca en profite pour fuir les mains habiles du mécanicien, pose son regard ailleurs sauf sur lui. Il capte des yeux son sac. Il est là depuis une vingtaine de minutes à peine. S'il part maintenant, que pourrait-il faire avant son service ? Du temps-libre. Ça ne lui arrive pas souvent, et ne sait pas ce qu'il pourrait en faire.

"Je... heu... J'dois partir." Mieux vaut être dehors quoi qu'il arrive.

C'est fou comme le contraste entre la peau hâlée et les les yeux clairs d'Inigo est efficace. Ca calme bien comme il faut. L'envie de commencer sa garde plus tôt le titille suffisamment pour qu'il annonce au mécanicien qu'il est temps pour lui de partir.
Spoilert alert : ça ne fonctionne pas.
Le regard jade (HJ:ça fait grave niais) d'Inigo semble s'être radouci. Ça n'empêche pas pour autant Vasco de se repentir de son malaise.

"Ouais, ouais." Il reste planté, parce qu'il est impossible à Rossi d'avouer qu'il se sent trop mal à l'aise pour rester. "T'es vraiment sûr que c'est pas grave ? Si t'as besoin tu m'appelles" comme s'il a assez de temps pour ça en plus de tout le reste outre le fait qu'il n'y connait rien en mécanique.

"C'est quoi qui a ...heu... explosé?" Comment nommer ça autrement ? Preuve encore qu'il n'y connaissait pas grand chose. Au moins, ça lui donnait encore plus la niaque pour gagner la prochaine course. Apparemment, il y avait de l'argent à se faire. Vasco ne comprenait pas vraiment pourquoi il voulait tant avoir d'argent puisqu'il avait un appartement à peine meublé et qu'il ne comptait pas changer ça. Finalement, c'est plus pour faire plaisir aux autres.

"C'est sans doute Ellroy qui l'a trouvée. Enfin, j'imagine..." sous-entendu que l'patron des patrons avait le talent de dénicher des affaires en or, mais il avait surtout parlé pour guider une nouvelle conversation.

Rossi ne se rendais absolument pas compte qu'Inigo était en train de le sonder et d'établir moultes hypothèses concernant sa sensibilité. C'est que surtout, pour Vasco, y'a des liens plus importants que d'autres et sans les Blacks Flamingos, y'a plus de courses. Et ça signifie trop de choses : un monde qui s'écroule, plus aucun moyen d'évacuer la pression ni de se doper à l'adrénaline. Y'avait bien plus à perde qu'une "amitié" avec le mécanicien, même si le pilote le trouvait vraiment sympathique.

"Oui, je sais" Il soupira, laissant retomber ses épaules, presque soulagé d'entendre le mécano faire un peu d'humour. Il acquiesça d'un coup de tête en écoutant les instructions : pas bouger. Les blablas au niveau de la mécanique ne lui parlaient absolument pas, Vasco préféra changer de sujet. Il avait du mal a comprendre comment on pouvait aimer foutre ses doigts dans un moteur et remonter des pièces. Déjà petit, il préférait jouer aux voitures qu'aux Legos. Oui, tout à un sens, okay ?

"Legence a toujours le talent de faire mieux que la dernière fois. C'en est presque frustrant." lâcha-til avec une pointe d'admiration dans la voix, ignorant totalement la fierté qui émanait d'Inigo concernant la Bughatti bleue. Le pilote et le mafieux se connaissaient depuis quelques années, même s'ils devaient se croiser deux fois par an, et Legence était un personnage suffisamment haut en couleur pour qu'on s'en souvienne et qu'on se sente attaché à lui (HJ : Milo, sors de ce corps, wesh).

"J'imagine que c'est lui qui t'as donné toutes les ficelles ?"

Y'avait quelque chose de troublant dans sa manière de lancer ce clin d'oeil, et Vasco préféra lâcher un rire nerveux pour toute réponse. C'est drôle, mais il n'avait jamais pensé que le mécano était du genre à lancer ce genre de ... familiarités. Faut dire que la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, Inigo avait tellement été silencieux que Vasco s'était demandé s'il n'était pas muet. Puis y'avait tellement de monde que le pilote avait préféré discuter avec des personnes plus accessibles. "Ouais, il sont complémentaires" qu'il rétorqua tout simplement. Tout comme chacun avait son rôle dans le gang. Si y'avait un rouage qui pétait, toute la machine se retrouverait défaillante. Et Vasco était certain que ni Legence, Ni Deirdre, ne seraient ravis, même s'ils sont loin d'avoir la même personnalité.

"Ca me rassure. Elle m'fait penser à un dragon." Il souffla ça comme une confidence. Faut dire qu'elle ne se laissait pas marcher sur les pieds et ce genre de personne, Vasco préférait les éviter par crainte de les contrarier.

"Linky manie une voiture comme un gamin qui joue avec un marteau, si tu veux mon avis." Y'avait toujours eu une compétition sous-jacente entre-eux, et à chaque victoire, Vasco ne pouvait s'empêcher de jubiler. Puis son "concurrent" avait préféré faire ses courses d'une autre manière, et le pilote appréciait être le seul sur le podium et à récolter les lauriers. Putain, qu'est-ce qu'il se sentait fier. Vasco n'éprouvait pas spécialement de sympathie pour ce gars, mais il ne le détestait pas pour autant.

Vasco fit comme s'il n'avait pas entendu. La musique gueulait, et c'était une très bonne raison pour ne pas rétorquer quelque chose à cette révélation. Il se racla la gorge, et profita que le mécano soit absorbé dans le capot pour plonger la main dans son sac à dos (en glissant les pièces confiées dans sa propre poche) afin d'y trouver une barre énergétique. Il avait faim,n'avait pas eu le temps de déjeuner ce matin, et à midi, il avait a peine avalé quelques bouchées de son cornet de pâtes avant d'aller se changer.

Il retourna près d'Inigo et croisa les bras, appuyant son cul contre le capot ouvert. "Jonas a quand même des goûts musicaux de merde, hein. " Il se mit à rire doucement, croquant à nouveau dans sa barre de muesli au chocolat en brassant du regard l'avant du garage à la recherche de la petite tête de Jonas.

Qu'ils aient trouvé un moyen d'entente, c'était pas ses affaires. Vasco, tant qu'il pouvait rouler sur l'asphalte et ne pas être mêlé aux disputes des uns et des autres, ça lui convenait. L'air de rien, il s'était toujours méfié des autorités qui gravitaient au dessus de lui. Bien conscient d'être qu'un simple pilote et surtout remplaçable, malgré son talent hein fait le dire, il faisait son possible pour rester dans les petits papiers des uns et des autres, et pour ça, ça signifiait de se mêler que de ses affaires. D'ailleurs, personne ne se mêlait des siennes, donc, c'est que ça portait ses fruits. C'était pas un chasseur de dragons, lui.

"Tu as plus de caractère que moi, perso, je préfère rester à l'écart pour éviter l'retour de flamme" Et ça, il connaissait bien. Ça devait faire près de quinze ans qu'il n'avait plus e nouvelles de son père, ne savait même pas s'il avait fini en taule ou si il était encore vivant. Les cicatrices de cette nuit-là sont toujours brûlantes, la mort de Rayce toujours gravée dans sa mémoire. Si son père n'avait pas défié son patron, rien de tout cela ne serait arrivé.

"Ouais, Ellroy m'a conseillé de l'passer, au cas où." Il ne savait pas vraiment ce qu'il avait voulu dire par là, mais autant avoir plusieurs cordes à son arc. "Mais conduire sur la route, j' aime pas vraiment. J'prefere le cross." Ça procurait tellement plus d'adrénaline ! Il avait appris sans trop de difficulté même si le poids de la bécane l'avait surpris au début. "Mais bon, j'ferais ce qu'on m'demande." Le nombre de fois où il avait entendu Lucky se venter de ses exploits sur le bitume avec ses deux roues, avait convaincu Vasco que les courses de voitures seraient éphémères. Tout n'est que cycle finallement.

Le moteur vrombit de nouveau, et malgré le brouhaha, Jonas hurla qu'il l'avait entendu, ce qui arracha un éclat de rire à Rossi. "Ce mec me fume" Il s'arrêta à la remarque d'Inigo et le regarda avec perplexité. Selon lui, Jonas avait suffisamment de charme pour se tirer avec une meuf certains soirs. "À d'autres.... HÉ JONAS ! Paraît que t'as besoin de cours pour pêcho ?!" Il ricana entre ses lèvres et glissa à Inigo "J'sais pas pourquoi, j'étais persuadé que vous sortiez ensemble."

Être réglo? Ça il l'était.
Enfin.... Plus ou moins, mais il n'irait pas jusqu'à foutre les autres dans la merde. Vasco à juste un horaire particulier à adapter et on ne peut franchement pas lui en vouloir de vivre sa vie comme il l'entend, non ?
"Ouais, moi j'suis sage."
Il ne savait pas s'il disait ça pour convaincre Inigo ou se convaincre lui-même, mais ça sembla fonctionner puisqu'il ne se sentait pas spécialement coupable de quelque chose.

Puis, Vasco était bien trop docile que pour imaginer un seul instant qu'il pourrit poser problème. Sauf peut être si on lui proposait des combats de rue. Il arbora un lèger sourire, croqua à nouveau dans sa barre de muesli d'un air tout à fait insolent et répondit : "J'crois qu'il a du sentir que j'étais aussi bon en bagarre qu'en mécanique." Vasco était loin d'être un bagarreur, ni quelqu'un de violent. Il était doté d'un self contrôle fascinant et gérait parfaitement la pression. C'était pas un type sanguin comme la plupart des autres membres des Blacks Flamingos, et c'était pas plus mal.

La conversation se fit plus légère, plus grasse, et plus puérile. Vasco éclata de rire à la remarque ironique d'Inigo. Putain. Un calmant pour cheval. L'intéressé ne préféra pas répondre, il devait sans doute gromeller dans le capot d' une quelconque voiture. "J'peux lui trouver ce calmant pour cheval, faut qu'il vienne à la piscine" il continua de pouffer, mais il était très sérieux. Il était persuadé qu'il prouver trouver son bonheur autour du bassin, d'ailleurs, Vasco les trouvait toutes là-bas. "C'est un vrai nid à poulettes et à poulets. D'ailleurs tu devrais venir aussi, tu trouverais ton cheval !" Malgré qu'il trouva ça fort bien dommage que les mécanos n'étaient pas Maqués entre-eux, Vasco ne pouvait, dans sa grandeur d'âme, les laisser sans exutoir chevaleresque. Oui, chevaleresque." Nan franchement, c'est vrai. T'as de tout ! C'est un marché à boobs et à moules bites. T'AS ENTENDU JONAS ?"