High Rise

au bout d'un moment, on s'y fait. l'impression de dépasser les règles, d'être là où on n'aurait jamais du aller. ça fait un an maintenant qu'il y a accès, plus ou moins, grâce d'un professeur qui ne le soutiendrait en rien si jamais il était découvert à cette heure dans l'université, après. pas étudiant officialisé, compte sur le nombre d'entre eux pour plus de discrétion, tête qui ne dépasse pas parmi les autres sur les bancs de la bibliothèque de l'université. la place trouvée est celle habituelle, chauffée par deux radiateurs muraux et avec vue sur le jardin enneigé, alors qu'august hésite encore à aller chercher un nouveau café. les heures passent, et il est sûr d'avance qu'ils n'avanceront pas plus dans leurs devoirs respectifs, et qu'ils ne sont là que pour se prélasser. devant lui un devoir d'anglais pas du tout avancé, shakespeare qui lui parle tout autant que quelques heures plus tôt, la dissertation qu'il a engagé sans y croire, pas du tout convaincu par ce qu'il faisait. ce que lowen faisait était de toute façon nettement plus intéressant.

quand il ne pianotait pas sur son téléphone, en tous cas, dissertation qui pour lui non plus n'avançait pas. bref intérêt pour son visage si rapidement illuminé, joues qu'il devine rougies et il met du temps à analyser que tout ne vient pas du radiateur contre lequel il est collé, que ça provient du téléphone, toujours aux mêmes notifications. bon, tu parles à qui maintenant, qu'il demande, le ton plus impérieux qu'il le veut vraiment. ça sert à rien de me dire personne, parce que je te vois sourire depuis une demi-heure et tu n'as pas tapé un seul mot sur ton clavier d'ordinateur. l'adolescent qui sourit, qu'il se doute que ça doit bien être des histoires de cœur. un plus chanceux que l'autre, sûrement, tour qu'il attendra sagement en attendant.

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commentaire sur le café qu'il a bien entendu, august qui additionne les billets devant lui et les pose sur la table maintenant. y a assez pour cinq cafés, donc tu peux en prendre, sinon mon rythme cardiaque va pas être content. le sucre additionné non plus, l'insuline qui suit rarement, en vérité. en espérant qu'il ne pose aucune question sur la provenance de l'argent, bien que certainement qu'il s'en doute sûrement. employé par personne et s'en vante perpétuellement, certainement pas financé à ce point par une mère aux abois financièrement, juste a son argent qu'il peut se permettre de dépenser tranquillement, tombé de nulle part pour beaucoup, sujet ignoré de peu quand on s'y penche finalement. tant qu'on ne bosse pas pour les employeurs de kip, tout va bien en soi, qu'il a décidé fièrement. ce ne serait pas assez pour payer un loyer plus tard, ou la moitié de ses médicaments, mais certainement suffisant pour les capuccino de son aîné.

lowen mentionne l'intérêt de son attention assez facilement, finalement. c'est toujours une lutte infinie avec la plupart de son entourage, et ça surprend assez agréablement d'avoir une vraie conversation sur des sentiments plutôt que de mentir chaque jours qu'ils sont éventuellement existants. peut-être un peu abrupt, mais il s'adapte assez facilement, lowen n'est plus au lycée depuis un petit moment maintenant. ah, qu'il souffle un peu sonné, avant de reprendre un peu plus tard. et c'est réciproque, du coup? il vit au square, au moins? ce serait beaucoup plus simple d'y avoir accès, et pour lui d'avoir une petite connaissance de qui c'est, curiosité toujours orientée vers tout son entourage, pire que le concierge sur certains sujets. t'as eu des crush sur pas mal de garçons, qu'il finit par dire finalement. question qui finit par une affirmative, clairement que c'est le cas, lowen ne l'a jamais caché, il en est loin, de son comportement à lui, en vérité.
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la surprise qui le fait sourire instantanément. il a faim, il n'a juste pas remarqué, en vérité. un cookie emprunté rapidement pendant que personne ne regarde, pas envie de se faire bannir d'une bibliothèque dont il n'est pas du tout censé avoir l'accès, quand l'aîné s'oriente vers la machine avec un de ses billets. rapide échange qui en vaut la peine quand il se tâte à ne pas en prendre un deuxième et les range dans son sac discrètement. certainement moins compliqué à expliquer à sa mère et ses sœurs que la plupart de ses trouvailles en ce moment, si elles regardaient. bref regard au breuvage du blond, envie de se lever pour en reprendre un, puis un certain recul, il avait suffisamment utilisé la machine pour la journée, et plus que ça il allait se mettre à trembler. ils sont très bons, c'est super gentil, merci. mais ce qu'il dit ne répond pas à toutes ses questions.

c'est moins que dans ses espérances, lowen mériterait sans doute une vraie romance hollywoodienne, de vieillir vieux avec une personne, pantoufles ramenées par un golden retriever devant une vieille télé, et il l'aurait un jour, sûrement. isaiah ne serait peut-être pas celui-là, mais il le connaîtrait. ou pas, en vrai, rien n'est moins sûr, mais il a envie de l'espérer, impression que ça lui serait bénéfique, au moins. je vois pas en quoi le fait qu'il soit un collègue bloque quoi que ce soit. en cours les gens dans la même classe sortent ensemble tout le temps et se séparent même à la fin de l'année. c'est beaucoup plus simple, il te manque jamais. pas comme s'il n'était pas branché à son téléphone tous les jours pour avoir le moindre contact à proximité digitale, mais toutes les options devaient être considérées. et je sais pas, des gens que tu aimes bien, voire avec qui il s'est passé des trucs, du genre romantiquement? pour lui des petites histoires, mais la plupart du temps c'est récent. avant le trikafta le noir total, certainement pas assez en court, et clairement pas suffisamment en bonne santé. maintenant elle ne savait même pas qu'il était malade, finalement.

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honnêtement, petite déception. impression que la vie de lowen serait plus remplie que ça sur ce point, un genre de kip mais avec des attirances différentes, et il était presque sûr que son meilleur ami avait souvent des sentiments. certainement pas à chaque fois, surtout depuis son nouveau job en vérité, souvent une mauvaise influence sur de nombreux points qu'il se chargerait de régler à un moment, erreur de parcours dont le davis se remettrait. il y aurait quelque chose de plus explicable à des enfants, un job dans un cinéma, pas forcément des études, mais quelque chose qui ne le mette pas en prison si facilement. pas qu'august se débrouillerait si mal sans lui, en tous cas rien qu'il ne voudrait s'avouer, juste que ce serait infiniment différent, et certainement pas une option qu'il avait envie d'explorer. mais il avait certainement des sentiments la plupart du temps. sans doute. pas trop de certitudes sur la question. emy en tous cas ne posait pas trop de doutes malgré ses opinions.

ouais, je vois, qu'il répond, pas besoin de trop détailler ce qu'il entend par là, pas adulte encore mais suffisamment grand pour imaginer correctement. un regard sur le café de l'altérité, puis une reprise de l'interrogatoire en espérant avoir l'impression de ne pas trop pousser, tout en ayant parfaitement conscience que c'était le cas réellement. mais genre, comment tu as su qu'il aimait les hommes aussi. et comment vous en êtes venus à vous envoyer ces messages là, genre. certainement intrusif, mais ce ne serait jamais kip qui répondrait à ses questions queer tout en ayant absolument aucune connaissance de ce qui les portaient, et une envie d'en parler à la bande seulement après avoir retourné la question dans sa tête de mille façons. est-ce qu'avoir des sentiments identiques à ceux de lowen pour cet inconnu dont on ne sait rien est obligatoire, est-ce que c'est ça finalement qui définit son orientation.

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il a des réponses, en soi. il suffit juste de l'orienter au bon endroit. august qui se fait attentif à ce qu'il a à lui dire, le sujet qui est bien trop important pour revenir à son sujet de dissertation tout simplement. romeo et juliet qui se regardent tendrement sur son pc, shakespeare qui a bien entendu défini l'amour comme le sacrifice dans sa pièce écrite, et lui là-dedans qui ne saurait pas trop s'y retrouver. comment tout est censé être si parfait. lowen finit enfin par avancer dans la conversation, face à un adolescent qui calme ses yeux braqués sur lui en tentant une pyramide de stylos fluorescents, alors que le grand narre son histoire digne d'un conte de fées. il ne peut pas dedans s'y retrouver. première fois loin d'être parfaite, et aucune certitude quant à ses attirances après ça, plus qu'il le savait déjà en tous cas. rétrospectivement, peut-être que les chambres de pédiatrie, entre deux passages de blouses blanches, avec l'angoisse que ce soit le plus rapide possible, le lit une place et les draps les moins confortables possibles n'avaient pas aidé l'osmose la plus parfaite à naître, mais au moins quelque part c'était fait. clairement un souvenir qu'il aurait pu ne pas avoir ni vouloir garder, qu'il aurait vécu sans au moins aussi entier. mmh, qu'il répond, pas franchement satisfait de ses propres expériences, même si la réponse de l'altérité était tout à fait appropriée.

je voulais dire que tu lui envoyais des messages depuis un peu moins d'une heure, rouge comme une pivoine, que lui répondre était plus urgent qu'une dissertation à rendre pour demain, que si le réseau était complètement coupé dans la bibliothèque par magie pendant plus d'une heure tu partirais ailleurs pour en avoir et continuer de lui parler, que s'il y en avait nulle part à cause d'une panne ça te ferait vraiment chier, et que selon moi, un fantasme est un sentiment où tu as juste envie de faire des trucs sexuels, mais où maintenir une conversation sms coûte que coûte est pas essentiel. un fantasme, c'est juste un objet de désir, un crush, c'est toute une personne qu'on aime bien. pas la peine de vouloir forcément se marier avec la personne pour avoir un crush, juste vouloir être proche d'elle, sexuellement déjà, est un bon départ, tu vois? ou au moins il pensait. pas trop de connaissances sur la question, quelques maigres expériences qu'il a grapillé au cours des deux dernières années, parce qu'il était convaincu que des crush, c'était ce qu'il ressentait. fantasme paraissait trop rapide, trop brutal, et visiblement c'était absolument nécessaire qu'il se retrouve dans les émotions du plus grand jusqu'à les dicter. enfin je crois, en vrai j'en sais rien, ça ne m'arrive jamais en vrai.
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