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Dim 7 Fév - 20:58

how deep is your love ? (ft. @emy burton) & Un trou dans le coeur, un trou dans le cerveau. Les mains couvertes de sang. Phalanges qui ont bouffé le mur sous un excès de rage, de colère, de trahison. Les mots de Marion qui tournent dans sa boîte crânienne. Les flashs de l'ultime échange avec Eve avant le pétage de plomb. L'impression de s'être bouffé une droite en pleine face, tabassé par le fait d'avoir été pris pour un con. La fierté qui a pris un vilain coup, le cacheton qui a du mal à passer. Incapable d'avaler la supercherie, la façon dont elle avait fini par se foutre de sa gueule. Il se remémorait ses beaux discours, les éventuelles possibilités d'avenir avec elle. Ses mots doux, ses caresses, ses doigts contre sa peau au détour de toutes les nuits qu'ils avaient passé ensemble. De cette nuit qu'ils avaient passé sur le toit du Square, où elle lui avait demandé de faire un bout de chemin à deux, comme un couple. Où elle lui avait fait croire qu'elle ne voulait que lui. Ni plus, ni moins. Ce soir où il avait poignardé un mec pour ses beaux yeux et  qu'elle avait fini par l'achever. Ce soir où ils ont tout foutu en l'air, scellé leur secret à tout jamais. Il était sûr de lui, persuadé qu'elle aurait pu être la bonne. Elle avait été la seule capable de faire naître un peu de chaleur en lui. À allumer un feu où jamais personne n'avait réussi à le faire avant. Et pourtant. Pourtant elle s'était joué de lui. Il était devenu le roi des cons au pays des emmerdeurs. Même pas foutu de se rendre à l'évidence : Eve n'était qu'une pute, la reine des putes comme il lui avait si bien dit. Sous la frustration, étouffé par la haine. Elle ne méritait rien de plus que de se faire tringler par n'importe qui plutôt que de se poser dans une relation sérieuse. Et pourtant, il y avait cru, un instant. Jusqu'à la dégringolade, la descente aux enfers. Jusqu'à l'appel de Marion, où il lui avait tout balancé à la gueule, clamant haut et fort son attachement envers la blonde, leur relation. L'interdiction de s'approcher d'elle à nouveau sous peine d'y laisser des dents ou peut-être une vie, la sienne. Il avait perdu ses moyens, à cet instant précis ainsi que la notion du temps, la notion d'amour. Et heureusement qu'il ne lui avait jamais dis je t'aime. Parce que même sans lui avoir jamais dit, il s'en bouffait suffisamment les doigts.

Un soupir déchira ses lèvres alors qu'il s'enfonçait contre la banquette, sans prendre peine de jeter un regard sur la blonde qui se déhanchait sur le podium, spécialement pour lui. Les yeux plongés sur les glaçons de son verre de whisky qu'il secouait, s'amusant à remuer et remuer encore le liquide ambré qui lui servait à noyer sa colère et ses peines, ce soir. La mâchoire fermée, les pommettes déjà rougies par l'alcool ingurgité, il serre les dents quand le whisky lui brûle l'œsophage avant de fondre dans un sourire satisfait. Comme si continuer à boire était le seul moyen de le maintenir en vie. Il était lamentable, dans un état pitoyable. La sclérotique de ses yeux encore rougie par la peine. Il relevait la tête, ses pieds rejoignant le sol alors qu'il s'avançait vers le balcon qui donnait une vue imprenable sur la salle du Purple. Ses paumes s'appuyant sur la rambarde, il était comme un prince, à surplomber ses sujets. Des airs de grandeur, de supériorité malgré sa chemise à moitié déboutonnée et ses cheveux légèrement décoiffés. Il balaya du regard chaque coin de la pièce, sans vraiment prêter attention à quoique ce soit. Il tenait simplement son poste, destiné à surveiller le bon déroulement de la soirée. À ce qu'il n'arrive rien aux filles, à ce qu'une bagarre n'éclate pas dans la foule, à ce que les pervers en recherche de réconfort n'aient pas la brillante idée de se taper sur la gueule. Il passait une main sur son visage en inclinant légèrement la tête, reprenant ses idées en main alors que ses iris se posèrent sur le bar en contrebas. Happées par la brune qui se tenait derrière le comptoir, préoccupée à servir, à débarrasser, à satisfaire les moindres envie d'ivresse de ceux qui se présentaient à elle. Il détailla un instant ses cheveux, son visage, son corps, ses courbes. Derrière son comptoir, elle avait presque l'air plus puissante que lui. Clochette, aux doigts de fée, capable de mener son petit monde à la baguette. À envoyer bouler celui qui la ferait chier, même pour un simple regard déplacé. Son attitude lui arrachait un sourire. Ses doigts finirent par pianoter contre le marbre de la barricade, l'hésitation grondant à l'intérieur de sa tête avant qu'il ne décide finalement de se diriger vers les escaliers, regagnant la salle principale avant de se diriger avec nonchalance vers le bar. Ecrasant sa carcasse déjà titubante contre l'un des tabourets, il plantait son regard dans celui d'Emy quand elle arrivait à sa hauteur. « Sers-moi un shot de vodka. Et fais moi le plaisir d'en boire un avec moi. » Il la couvrait d'un sourire presque forcé, juste par envie qu'elle ne souligne pas sa gueule de chien dépité. Son coude appuyé sur le bar, il se pinçait la lèvre en attendant l'arrivée de son verre. Celui qui lui ferait plus de bien que tous les précédents. Parce qu'il changeait de bord et tapait dans un autre alcool. Parce que celui-ci, il n'allait pas le boire seul et que Clochette pourrait s'avérer être la meilleure compagnie possible, ce soir.
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Lun 8 Fév - 19:11


How deep is your love?
@Kip Davis & Clochette


La musique résonnait fort dans ses oreilles, faisant même délicieusement vibrer son épiderme. Clochette se sentait dans son élément, derrière son bar, elle jouissait d’une vue presque parfaite sur ce qui se passait dans le hall. Seuls les salons privés lui restaient inaccessibles, et pour elle, inaccessibles voulait dire attirant. Elle avait toujours été attirée par ça Clochette, ce qu’elle ne pouvait pas avoir. Il lui fallait beaucoup pour être satisfaite, plus que la plupart des gens qui se contentaient souvent de peu. Jamais contente au plus grand dam de ses parents, jamais satisfaite, toujours à la recherche du mieux. Le mieux étant l’ennemi du bien, elle passait son temps à décider que ce qu’on lui proposait n’était pas digne de son temps ou de son énergie.

Seules deux choses avaient trouvé grâce à ses yeux, la première était son travail. La partie où elle avait dû mémoriser toute une carte de cocktail par cœur et la partie où elle portait une paire de lunettes de protection, officiellement. Elle était tellement habituée à manier ses drogues, ses poudres, qu’elle avait fini par le faire en culotte, à demie nue, avant sa douche dans sa salle de bain.

La deuxième était Kip et Clochette pesait ses mots en le qualifiant de « chose ». C’était un mec, et comme tous les mecs, il n’avait pas vraiment maîtrisé le fait de réfléchir avec l’organe dans son crâne et non celui qui se dressait un peu trop fièrement dès qu’une fille passait à moitié à poil devant lui. Ceci dit, certaines filles n’avaient pas tout à fait saisi l’art complexe qu’était de « réfléchir avant d’agir », ou, au mieux de ne pas se comporter comme une connasse à penser que le monde lui était dû.

Clochette détestait les filles qui se produisaient, détestait les filles que Kip approchait et encore plus celles à qui il parlait. Pas parce qu’elle était possessive, du moins elle ne l’aurait pas avoué, mais plutôt parce qu’elle les trouvait tout simplement détestables. A vrai dire, elle détestait également ses clients, ceux qui ne se gênaient pas pour caresser sa main quand elle leur tendait leur verre, ceux qui plongeaient leur regard pervers dans son décolleté et qui lui souriaient, aussi ronds que des queues de pelles. Ceux qui pensaient que sa simple présence au Purple la rendait obligée d’écarter les cuisses, ceux qui lui proposaient de le faire contre quelques billets en plus. A vrai dire, il n’y avait pas grand monde que Clochette ne détestait pas. Hautaine, méprisante, supérieure, elle abhorrait celles qui acceptaient. Qui écartaient les jambes si facilement, pour tout le monde, pour n’importe quelle raison, quelques billets verts.


Il y avait bien Kip. Kip et sa belle gueule, Kip et sa surpuissance qu’il utilisait à mauvaise escient, Kip qu’elle pensait détester, qu’elle clamait détester, qu’elle aurait aimé détester, qu’elle détestait aimer. Il était beau, il était fort, avec ses sourires ravageurs qui en avaient fait tomber plus d’une dans ses filets… C’était bien ça le problème. Kip était un séducteur. Qui commandait des danseuses, beau parleur qui avait détruit les défenses de tellement de jeunes femmes se pensant fortes, et il n’avait eu qu’à se baisser pour ramasser leur cœur, pour jouer avec certainement, et les laisser de nouveau tomber, meurtri, sur les pavés humides d’une ruelle quelconque de Chicago, quand ça ne l’amusait plus. Parfois, certains cœurs s’ouvraient même pour lui sans qu’il n’ait à faire le moindre effort. Clochette ne voulait pas être la prochaine sur la liste. Alors elle lui résistait. Elle lui résistait parce qu’elle avait l’impression de fondre à chacun de ses regards. Elle lui résistait parce qu’elle aurait haï faire preuve de faiblesse, surtout à son égard. Et puis, à vrai dire, elle résistait parce qu’elle trouvait ça étonnamment plaisant, de résister, de tout faire pour qu’il la regarde avant de faire comme si de rien était, comme si elle s’en fichait de lui, c’était bien le seul qui relevait le niveau, au Purple.

Et il n’avait pas fière allure quand il s’approcha de son bar pour finalement laisser tomber sa carcasse sur un de ses tabourets. Elle cligna des yeux et ne se gêna pas pour le dévisager de haut en bas, les sourcils haussés, surprise. A vrai dire, à ce moment précis, elle sentit une vague de supériorité l’envahir. Elle sentit qu’elle avait le dessus sur lui, que maintenant, c’était elle qui menait la danse, qu’elle n’était plus là à essayer de lui résister et que c’était à elle de s’amuser un peu.


S’approchant de lui, elle pinça les lèvres et plissa les yeux quand sa voix aussi fracassée que son cœur fit vibrer ses tympans beaucoup plus délicieusement que l’avait fait la musique depuis le début de la soirée avant qu’un sourire amusé n’étire ses lippes et qu’elle ne pose ses coudes sur le bar, courbant le buste pour se rapprocher de lui. Portant un simple jean noir et un t-shirt gris chiné le tout sous un tablier déjà taché depuis le temps qu’elle travaillait là, les yeux maquillés par un long trait d’eye-liner, leur donnant des airs d’yeux de biches, les cheveux relevés et tirés en arrière dans une queue de cheval à l’arrière de son crâne. Les directives avaient été claires, elle devait être efficace. Alors il ne fallait pas que sa crinière brune ne se mette en travers de son champ de vision ou altère ses mouvements.
C’est donc un visage dégagé mais moqueur qui se rapprocha de celui de Kip, le sondant toujours avant qu’elle ne déclare, amusée



« J’te dilue un peu de speed dedans ou y’a un nouveau dress code « zombie » chez les H et on m’a pas prévenue ? »




Secouant la tête, faisant valser ses cheveux, diffusant une vague de son parfum, elle se pencha pour sortir deux verres à shot et une bouteille de vodka. Elle connaissait les règles par cœur, et par règles, elle entendait : servir des boissons coupées pour ceux qui, selon les H, n’en valaient pas la peine. Kip en valait la peine. Enfin, évidemment pas selon elle, mais il avait le droit à une des meilleures bouteilles. Clochette, elle, avait bien le droit de boire aux frais de la Princesse, la Princesse étant Marion, mais seulement si elle restait en état de bosser et si elle ne causait pas de grosses pertes dans le stock. Elle n’avait jamais posé de problèmes Clochette, au contraire, du haut de son mètre soixante-cinq, juchée sur des petites baskets qui avaient autrefois étaient blanches mais qui ne comptaient plus les fois où un ivrogne leur avait renversé un verre dessus, elle avait toujours fait son travail avec brio. Alors elle méritait bien ça, un shot de vodka avec le Prince Héritier…
Faisant savamment glisser son shot sur le bar jusqu’à devant Kip, elle lui présenta le sien, le tenant devant elle pour trinquer avant de l’avaler



« Bon. Tu vas m’dire ce qui va pas ? »

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Mar 9 Fév - 0:26

how deep is your love ? (ft. @emy burton) & Il aurait pu rester chez lui, Kip. Seul. Avec pour unique compagnie le goût amer de la trahison, le silence grondant de la colère. Jusqu'au bout de la nuit. La lune comme seule lumière pour éclairer l'appartement. Comme seule admiratrice de ses peines les plus profondes. Kip, il aurait pu fermer la porte d'entrée à double-tour. Refusant d'accueillir n'importe qui pour s'enfermer dans son monde. Il aurait pu décider de s'enfiler ses dernières bouteilles d'alcool qui trainaient au fond de son placard. Fumer le reste de la consommation qu'il avait pour lui jusqu'à ne plus avoir les idées claires, la tête suffisamment embrumée pour faire un tour au pays des illusions consolatrices. Il aurait pu prendre des cachetons qui l'auraient aidé à dormir plus vite, à oublier plus facilement. Mais le diable avait décidé de tirer le taureau par les cornes et avait décidé de le foutre dehors, Kip. De le jeter dans un sillon qui le mènerait directement au Purple. Comme si c'était l'endroit parfait pour panser ses plaies. Peut-être qu'il aurait du craquer. Céder sous ses pulsions et crever sous le vice. Chopper par le poignet la blonde qui se déhanchait devant lui, l'embarquer dans l'une des chambres, à l'étage et la prendre, taper entre ses cuisses jusqu'à ce qu'il puisse oublier Eve, jusqu'à frôler l'arrêt cardiaque. Il était froissé, abîmé. Jamais auparavant on ne l'avait piétiné comme ça, le cœur utilisé comme ballon de foot et laissé pour mort. Qui pourrait avoir un peu de pitié aujourd'hui et vouloir de lui ? Personne. Et certainement pas lui non plus. Parce qu'il s'en voulait d'avoir été suffisamment con pour y croire, rêvant d'idylle et d'amour increvable. C'est ce qu'elle lui avait promis. Par ses mots, par ses regards, par leurs étreintes interminables. Il avait été attaché, follement même pour pouvoir lâcher prise si facilement. Attaché d'une force dont il n'avait jamais été victime. Les liens étaient durs à couper mais il avait pris la décision seul. Un dernier message, une dernière insulte accordée à la blonde pour lui faire comprendre que tout était fini. Sous-entendu qu'il finirait par se reprendre en main facilement. Qu'il passerait vite l'éponge. Mais rien. Rien de plus qu'un coup de poing dans le mur pour se retrouver avec les phalanges éclatées. Rien de plus que la musique du Purple pour secouer des maux de tête violents et tueurs qui finiraient par avoir raison de lui, ce soir.

Et pourtant, y'avait Clochette. Belle et rebelle, perchée derrière son bar. Clochette, l'inaccessible, l'indomptable. Celle qui lui avait filé entre les doigts plusieurs fois, qui misait tout sur un affront constant. Qui faisait taire ses sentiments avec magnificence. Clochette qui préférait lever le majeur plutôt que de rentrer dans des débats incessants. La brune qu'il avait assassinée de regards intenses, de clins d'œil déplacés, de sourires moqueurs et taquins. Celle qu'il cherchait toujours dans la foule du Purple sans vraiment jamais s'en rendre compte. Clochette, il l'avait placée sur un piédestal. Elle était loin d'être facile à vivre, loin d'être comme les autres. Elle était juste mieux. Mieux que toutes les meufs de Chicago, mieux que les putes du Purple, mieux qu'Eve, mieux que tout le monde. Le fait qu'il ai pu lui accorder son respect changeait toute la donne. Elle faisait partie des rares personnes qu'il estimait et qu'il rêvait de ne jamais avoir à froisser. De ces rares personnes qui étaient capable de marcher sur ses semblants de supériorité, de celles qui tenaient un réel pouvoir et une certaine puissance dans le creux des mains.

Elle était la seule capable de lui arracher un sourire, ce soir. Et pourtant, il l'observait en fronçant les sourcils, la mâchoire toujours fermée, les dents serrées, les poings posés lourdement sur le comptoir, une main pour soutenir sa tête qu'il aurait été capable de laisser se fracasser contre le bois. Incapable de la quitter du regard lorsqu'elle s'éloignait pour préparer leurs verres. Ses yeux se perdant une nouvelle fois sur elle, ses courbes, son corps tout entier. Sans même forcément le vouloir, elle réchauffait un minimum le fond de son cœur, juste par sa présence, juste par l'intérêt qu'elle seule était capable de lui porter. Il se mordait inconsciemment les lèvres lorsqu'elle approchait son visage du sien, ses iris détaillant la commissure de ses lippes avant qu'il ne grogne. « Nan, c'est pas le moment pour que tu me casses la tête, Emy. » Il restait poli, simple façon de ne pas lancer une guerre inutile comme y'en avait toujours eu entre eux. Même s'il le faisait en l'appelant par son prénom, chose qu'il était le seul à faire ici. Ils étaient comme chien et chat, incapables de trouver un terrain d'entente, incapables de rester vingt-quatre heures sans se tirer dans les pattes. Ils étaient compliqués. Mais parce qu'ils étaient compliqués, ils avaient du mal à rester éloignés trop longtemps. Et il ne voulait pas avoir à creuser la distance entre eux, ce soir. Même si elle posait le doigt sur un point faible, même si elle cherchait à le taquiner là où ça faisait encore mal. Il souriait quand même, plus par automatisme que par réelle envie. Parce qu'elle avait un putain d'effet sur lui. Un putain d'effet auquel il aurait aimé ne jamais avoir été soumis.

Il attrapait son shot avec précaution avant de le faire claquer contre celui de Clochette dans un tintement léger. Portant le verre à ses lèvres, il l'avalait d'une traite, l'alcool rongeant et brûlant son œsophage au passage, lui donnant un nouveau coup de vie, une nouvelle bouffée de chaleur dans cette soirée qui jusque là, était bien trop fade. « Ça y est, tu t'es reconvertie en psy ? » Il restait sur la défensive, pas capable de se dévoiler aussi facilement. Il allait bien lui falloir trois à quatre autre shots pour qu'il déballe tout ce qu'il avait au plus profond de son âme. Et puis, de toutes manières, il était pas venu vers elle pour lui faire part de ses peines de cœur. « Viens avec moi. J'ai besoin qu'on bouge, j'peux pas voir cet endroit plus longtemps. » Ça sonnait comme une invitation. Une envie de quitter l'endroit et de partir loin. Loin d'ici, loin de tout. Ou au moins du bruit fracassant des enceintes mélangé à celui de la foule. Libre à elle de refuser mais lui, il était pas destiné à rester planter là. Pas plus longtemps, en tous cas. Et intérieurement, il espérait qu'elle accepte de dériver avec lui. De se laisser aller, poussée elle aussi par des envies de folie, par le besoin de s'éclipser. D'être seuls, même juste une nuit, une bonne fois pour toute.
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Mar 9 Fév - 1:05


How deep is your love?
@Kip Davis & Clochette


« Emy ? »



Elle répétait ce prénom comme si ce n’était pas le sien. Comme si elle demandait réellement à qui Kip espérait s’adresser. C’était bien le seul qui était assez inconscient pour aller nager dans ce genre d’eaux troubles, affronter les rapides des changements d’humeur de Clochette, ou plutôt son humeur constamment fracassante. Assez pour écraser tout ce qui se tenait sur son chemin. Assez inconscient ou assez puissant pour ne rien avoir à y craindre. Parce qu’elle faisait pleuvoir le déluge, déchainait vents et marées sur ceux qui osaient prononcer son prénom et si des yeux avaient eu le pouvoir de tuer, Kip serait sans doute déjà enterré depuis si longtemps que des archéologues étudieraient ses ossements. Parce qu’elle était impitoyable, aussi brulante et explosive qu’un volcan, aussi glaciale que la caresse acérée du givre, aussi changeante que le vent. Ce n’était pas une bombe à retardement, la question n’était pas de savoir quand est-ce qu’elle allait exploser mais plutôt comment survivre à sa constante explosion.


Et pourtant, elle vivait dans le contrôle total de son être. Constamment sur le fil du rasoir, à attendre le moindre signe de faiblesse d’une de ses proies pour que l’oiseau brise les barreaux de sa cage et fonce dessus, serres en avant. Elle adorait le contrôle. Au sein premier du terme. Une adoration qui en devenait presque malsaine quand la routine lui devenait abjecte, horrible, de là à la dégoûter presque de ceux qui n’arrivaient pas à imposer à leur vie une forme de constance, quelle qu’elle soit. La vie de Clochette était comme un film dont elle connaissait déjà la fin. Un monde dont elle tirait les ficelles.
Elle avait tous les pouvoirs, commandait ciels et terres d’un battement de cils. Du moins, c’est ce à quoi elle aspirait. Parce qu’il y avait Kip. Kip, être humain mortel qui arrivait à résister aux assauts du personnage de déesse inaccessible qu’elle s’était forgé, plus que ça même, capable de calmer la tempête qui contrôlait son esprit, presque d’en faire naître une nouvelle au cœur d’un muscle resté endormi trop longtemps.


Quand on les regardait, on ne savait plus bien qui gagnait mais on savait qu’ils se battaient. Trop raffinés pour utiliser les poings, encore trop primaires pour voir la réalité en face. Kip lui plaisait. Énormément, trop même pour qu’elle se l’avoue à elle-même. Alors elle se contentait de croire qu’elle le détestait, qu’elle n’arrêtait pas de penser à lui parce que c’était tout simplement hallucinant qu’il soit encore en vie avec toutes les fois où il s’était retrouvé en mauvaise posture. Clochette l’admirait réellement, à se demander parfois si c’était bien elle la déesse, et lui l’humain. Elle adorait examiner les rapports de force, et celui entre eux changeait constamment. Une fois c’était lui qui l’écrasait sous le poids de ses sourires ou le cagnard de ses regards, parfois, c’était elle qui le paralysait du froid de ses regards, et parfois, la chaleur faisait fondre la glace, la glace adoucissait le soleil. Et c’est pendant ces très rares moments, volatiles, éphémère, trop même pour qu’elle ne le remarque, qu’on pouvait voir son regard pétiller, son sourire s’adoucir…



« Alors quoi ? Tu tiens à peine debout, tu préfèrerais que j'te crache dessus et que j'te balance ton verre en pleine gueule ? »



Clochette était facile à énerver et à vrai dire, Kip était passé maître dans le domaine, tellement qu’il aurait même pu enseigner son art.


Poussant un soupir résigné, elle pencha la tête sur le côté, l’herbe coupée sous le pied quand son invitation fit vibrer son épiderme dans un serpent de frisson qui lui enserra la gorge. Comme parade, elle baissa le museau et passa un coup de chiffon sur le bar avant qu’un sourire n’étire ses lèvres. Elle voyait souvent Kip aller et venir, elle le voyait vivre, et elle restait accrochée à son bar, parce que c’était son job, parce que c’était la raison de sa présence, parce que c’était pour ça qu’on comptait sur elle, pour ça qu’elle était connue et reconnue comme une employée modèle. Silencieuse, qui se fichait bien de savoir ou non ce qui se passait derrière les portes closes, qui savait garder les secrets et surtout qui faisait son putain de travail sans faire de vagues. C’était ça qui plaisait. Personne ne voulait des fouines, des langues de vipère, des commères, des curieux. Et si Clochette l’était excessivement, curieuse, elle avait également un instinct de survie assez développé.


Qu’il était drôle ce garçon qui était capable de détruire tout ce qu’elle s’était échinée de construire, bâtir, le plus solide possible. Ses barrières, son blindage, tout ce qui faisait qu’elle était inaccessible, tout ce qui faisait qu’il était impossible de la cerner, de la comprendre, ou même de l’apprécier, parce qu’on ne pouvait pas apprécier quelqu’un qu’on ne connaissait pas. Kip avait la solution. Kip avait la clé. Kip évoluait avec une facilité déconcertante et légèrement agaçante à travers les défenses de Clochette, les faisant tomber une à une sans mal, récoltant sans doute quelques blessures de guerre sur le chemin, dommages collatéraux que Clochette aurait vite fait de panser quand elle aurait fini à son service, totalement en adoration devant le moindre de ses soupirs. Cette finalité l’attirait et la terrifiait. Elle refusait de laisser quelqu’un entrer, alors elle renforçait son blindage constamment en sa présence, rendant sa tâche dix fois plus facile pour lui, et faisant rager Clochette dix fois plus.


Abdiquant pour mieux riposter, perdant une bataille mais pas la guerre et s’étant sans doute bien défendue, elle finit par soupirer une nouvelle fois et passa ses mains dans son dos pour défaire son tablier, révélant ses formes sveltes et fluettes sous un habit pour le moins classique, bien loin des futilités que portaient les filles qui se déhanchaient sur le podium à tel point que Clochette se demandait souvent à quel moment elles allaient se déboiter une hanche ou se briser le col du fémur.
Elle n’avait jamais réellement compris le principe de les habiller, après tout, elles n’existaient que parce qu’elles étaient jolies nues et obéissantes. Et si les motivations avaient été pécuniaires, autant les foutre en pull et pantalon de ski, ainsi, les clients qui payaient pour qu’elles enlèvent un vêtement cracherait au moins dix fois plus d’argent. Mais l’heure n’était pas vraiment à ce genre de pensées.


Raccrochant son tablier pour la nuit après avoir prévu son binôme sans se soucier une seule seconde de s’il allait arriver à gérer, elle s’essuya les mains à son chiffon avant de faire le tour du bar, rejoignant Kip, se plantant quelques fractions de secondes devant lui, elle croisa les bras, penchant la tête sur le côté et légèrement en arrière


« Mais euh… T’arrives à tenir debout ? J’peux te porter si tu veux mais je doute que ça joue en ta faveur côté street cred’… On va où d’ailleurs ? »

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Mer 10 Fév - 1:33

how deep is your love ? (ft. @emy burton) & Avec le temps, il avait réussi à mettre le doigt sur ses points faibles. Sur absolument toutes les petites choses, les petits détails qu'elle n'aimait pas. Il avait appris à en jouer, à prendre le dessus un peu trop souvent, à vouloir la mettre en position de faiblesse ou juste en colère quand l'occasion se présentait. Il aimait la voir fulminer, véritable bombe à retardement capable d'exploser à n'importe quel moment. Peut-être que, d'une certaine façon, c'était ce qu'il cherchait. Atteindre le point de non-retour pour voir jusqu'où elle serait capable d'aller. Pour voir si, un jour, elle finirait par mettre en œuvre toutes les menaces qu'elle avait si joliment proférées à son égard. Si vraiment elle finirait par lui faire bouffer un torchon qui lui servait pour faire la vaisselle ou pire, si elle était capable d'éclater ses dents contre le comptoir. La voir relever son prénom avec dégoût lui arrachait un sourire, toujours aussi moqueur. Parce que ça l'éclatait, de jouer aux cons, Kip. Encore plus avec elle. Il avait appris à nager à contre-courant, à défier les tempêtes, à remuer ciel et terre pour ne pas crouler sous ses élans de colère ou, du moins, il avait toujours réussi à la doser et à la calmer avant qu'elle ne pète définitivement les plombs. D'une certaine façon, il savait très bien se moquer mais au même titre, il était convaincu que si elle finissait par lui exploser à la gueule, ça risquerait de lui faire mal.

Elle était la seule avec qui les choses se faisaient facilement et difficilement à la fois. Il avait beau faire un pas vers elle, il avait la constante impression de reculer, encore et encore. Elle était une des seules capables de lui mettre des barrières, une des seules à ne pas lui laisser dépasser toutes les limites bêtement. D'habitude, tout était beaucoup plus simple avec les autres filles. Un sourire bien placé, un clin d'œil à peine discret, quelques mots doux, parfois des billets et le tour était joué. Un claquement de doigts suffisait à en faire tomber plus d'unes à ses pieds. Parce qu'il avait l'avantage d'avoir avec lui la puissance et le pouvoir à seulement dix-huit ans. C'était un gosse qu'on avait poussé à grandir trop vite. Un môme coincé dans un corps d'homme, tabassé par les responsabilités, par la soif de réussite et par l'ambition qu'il avait de reprendre les rennes, de tirer les ficelles des H quand le temps serait venu. C'était ce qui avait été convenu dans un échange silencieux avec Marion. Les commandements et la confiance qu'il lui avait accordée avaient suffi à lui faire comprendre à quel point il gagnerait de l'importance dans l'organisation du macchabée au fil du temps. Tout n'avait pas toujours été simple, parfois, c'était compliqué de tenir la cadence et à son âge, fallait avoir le cœur bien accroché pour éviter de craquer sous la pression. Il avait vu des mecs se faire tabasser, il en avait tabassé parfois lui-même jusqu'à les laisser pour morts. Il avait vu des putes se faire traîner par les cheveux, se faire cogner par certains de leurs clients jusqu'à finir sur le billard froid du Doc, abîmées et souillées par leurs obligations qui s'avéraient plus violentes que le rêve américain que les H leur avaient promis à leurs arrivée.

Et il avait fini par en planter un, un mec. Pour une pute qui lui avait servi de copine pendant quelques jours, officieusement. Une relation rapide pour une séparation précoce et pourtant difficile à digérer, qui lui coûtait son état misérable, ce soir. Eve avait eu un effet destructeur sur lui, sur son ego et tout simplement sur tout le respect qu'il avait pu lui porter. Elle était morte à ses yeux et Marion s'en frotterait certainement les doigts de le savoir. Parce que c'est ce qu'il lui avait demandé, c'est ce qu'il lui avait ordonné. Marquant son territoire et lui rappelant ses chances de passer à la trappe, que sa place chez les H ne tenait à rien et que s'il faisait de la merde, il finirait éjecté aussi vite et facilement qu'il était arrivé. D'un côté, Kip le plaignait presque, Marion. D'être capable de s'attacher à une nana dans la trempe d'Eve. Vicieuse et manipulatrice. C'était à se demander si elle avait vraiment un cœur, la blonde. Le doute régnait dans sa tête, suffisamment pour qu'il ne regrette pas s'être séparé d'elle, au final. C'était un mal pour un bien, un moyen de se reconstruire et d'éviter de faire deux fois la même erreur: être sous l'emprise de quelqu'un qui n'en valait pas réellement la peine. Quitte à tomber amoureux, autant le faire bien, autant le faire avec quelqu'un qui le mérite réellement.

L'idée lui traversait la tête lorsqu'il posait les yeux sur Clochette, bien qu'il était incapable de mettre de mots sur ce qu'il ressentait réellement pour elle. Il était attaché à elle, c'était certain. Il avait lutté pour mettre un pied dans sa vie et y prendre le plus de place possible, mais elle avait toujours fini par l'envoyer chier. Peut-être que d'une certaine façon, c'est ce qui le poussait à essayer et essayer encore. Peut-être qu'elle, elle en valait la peine. Parce qu'elle rayonnait derrière son bar, parce qu'elle avait fière allure à côté de toutes les autres nanas, ce soir. Malgré ses mots tranchants et sa mine faussement colérique. « Venant de toi ? Ça m'étonne de voir que t'as pas encore songé à le faire. Mais garde ta salive pour toi, va pas la gâcher pour trois fois rien. » Il soupirait, le bout de son doigt caressant le contour de son shot déjà vide depuis un temps maintenant. Son regard ne quittait pas Clochette, attiré de façon incontrôlable sur sa silhouette. Il détaillait un à un les traits de son visage, subjugué qu'ils soient dessinés aussi finement, avec tant de douceur alors que Clochette n'était rien d'autre qu'un volcan constamment en éruption. Médisante, réticente et hautaine. Le ton montait bien trop souvent entre eux. En public, leurs conversations étaient bercées d'insultes, de mots durs, de sous-entendus très peu corrects et qui auraient été capables de faire péter les tympans d'une nonne ou d'une bonne sœur. En privé, dans ce qui semblait s'accommoder à leur intimité, tout était teinté d'autres nuances. Les échanges étaient plus doux, plus posés, plus tendres et presque sentimentaux. Et ça faisait cramer un peu de chaleur au fond de son cœur. Chaleur qu'il réclamait ce soir plus qu'autre chose en l'invitant à partir, loin, sans chercher à se retourner. Un sourire satisfait et le regard rassuré quand elle se débarrassait de son tablier pour le rejoindre.

« Ça va, t'auras pas à me guider jusqu'au cimetière, j'me démerde. Suis moi. » Il avait fini par se relever, quittant son siège de bar pour empoigner la main de Clochette pour se dissimuler à travers la foule et se frayer un chemin alors qu'il la tirait dans un sillon qui les ramenait hors du Purple. L'air frais lui claquais à la gueule et il finit par en prendre une grande bouffée, comme si ça lui avait manqué et qu'il redécouvrait la sensation d'avoir les poumons qui se gonflent sous autre chose que l'odeur de débauche. Il relâchait sa main, un simple coup d'œil en direction du parking alors qu'il désignait du menton sa moto garée plus loin. « Tu m'fais confiance et tu me laisses te garder la surprise jusqu'à ce qu'on arrive ? Sinon tu peux encore faire demi-tour. » Il était docile face à Clochette, avec le temps elle avait fini par devenir le plus sensible de ses points faibles. Sans même se l'avouer, il avait toujours eu envie de l'impressionner. De déplacer des montagnes, de tout faire péter autour d'elle pour qu'elle ne s'intéresse qu'à lui. Même si elle finissait par lui accorder qu'un simple regard, un semblant de sourire, ça aurait été suffisant. Ses pas le ramenèrent assez rapidement jusqu'à la bécane alors qu'il finissait par lui tendre son casque. Il aurait pu être égoïste et le garder pour lui, mais sa sécurité à elle valait bien mieux que la sienne. Les clés enfoncées dans le contact, il démarrait en trombe et dans un bruit sourd, laissant une traînée de fumée opaque derrière eux marquer leurs départs. Les limitations de vitesse, il était loin de connaître. Ça aurait été loin d'être surprenant s'ils avaient finis suivis par une voiture de flics, mais par chance, ils avaient évité la catastrophe de justesse.

Quelques minutes et quelques virages plus tard, il finissait par couper le moteur de la moto, un nouveau sourire sciant ses lèvres en deux, ses pieds retrouvant la terre ferme et un minimum de stabilité. Il jetait un coup d'œil plus loin, pas déçu du détour qu'il avait fait pour l'éloigner de tout. Ils se retrouvaient sur un roc, une sorte de falaise qui leur offrait une vue imprenable sur Chicago qui, à cette heure-ci, brillait de mille feux. Ça aurait pu être glauque, d'une certaine façon. Parce qu'ils se retrouvaient éloignés de toute civilisation, de tout potentiel dérangement. Le lieu idéal pour se faire coller une balle entre les deux yeux et disparaître pour de bon. Mais non. Son seul et unique but ce soir c'était de se façonner une solitude, un nouveau monde auquel seul Clochette aurait accès.
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Jeu 11 Fév - 13:54


How deep is your love?
@Kip Davis & Clochette

Leurs face-à-face étaient presque bibliques. On aurait presque pu voir l’air crépiter entre eux ou carrément un brasier les encercler. Parce que la tension entre eux n’avaient plus rien d’imaginaire, qu’elle était bel et bien réelle et bien trop présente et importante pour être contenue. Parce qu’ils étaient trop proches et à la fois beaucoup trop loin, parce qu’ils s’attiraient autant qu’ils se repoussaient. Clochette était plutôt clairvoyante, elle avait l’habitude des hommes, elle savait comment la fierté marchait puisqu’elle en était victime elle aussi à ses heures, elle savait les effets que l’égo pouvait avoir et elle savait comment faire pour pousser des hommes pieux au vices, des hommes réservés à la débauche, des hommes radins à la surconsommation. Elle se sentait surpuissante, avant de lui faire face.


Elle aurait pu le noyer sous un déluge de remarques, de plaintes, crier qu’elle n’était pas à son service, que son joli minois cabossé ne la rendrait pas plus douce que d’ordinaire et que ce n’était pas une raison pour lui donner des ordres, que le casque lui avait cassé un ongle, qu’il était sale, que jamais quelqu’un de son rang n’allait s’abaisser à monter sur une moto avec quelqu’un comme lui, oh, elle aurait pu dire tellement de choses, passer par tellement d’émotions, de crises, de caprices, elle aurait pu hurler et surtout, elle aurait pu croire des heures qu’elle était en position de refuser. Elle aurait très bien pu partir en courant, ou tout simplement dire non. Kip était inoffensif, s’il osait ne serait-ce que d’essayer de lever la main sur elle, Clochette aurait fait pleuvoir les flammes de l’enfer. Elle aurait sans doute pu gagner cette bataille. Mais elle avait déjà perdu. Elle avait déjà cédé. Kip aussi avait perdu. Ce jeu ne pouvait pas avoir de vainqueur, seulement deux perdants. Seulement deux participants qui ne voulaient pas jouer l’un avec l’autre et qui tentaient de jouer l’un contre l’autre sans se rendre compte que le jeu était le même.



Ils avaient fini par comprendre que ce qu’ils ressentaient transcendait la haine, la colère et le dégout, comme une nouvelle porte au bout d’un couloir obscur. Il ne leur restait qu’à tester, avancer à tâtons sans savoir où aller ni comment y aller et surtout, sans savoir ce qui allait les attendre à la fin. Si ce jeu avait une fin.



Alors, elle enfila le casque et le boucla au niveau de sa gorge avant de grimper derrière Kip. Elle se doutait bien que des centaines et des centaines de filles avaient collé leur poitrine contre son dos, passé leurs mains manucurées sur son torse, elle n’était pas de ce genre-là. Alors elle posa ses mains sur sa taille, bénissant le ciel et un Dieu auquel elle ne croyait pas d’avoir fait le cuir de son blouson aussi épais, ne lui donnant donc pas l’impression de toucher sa peau. Ses convictions survécurent dix minutes. Au bout de dix minutes de trajet, grisée, soulée par la vitesse, sa poigne se fit plus solide sur la taille du Prince Héritier. Pas parce qu’elle avait peur, parce qu’elle en avait envie. Sa tête casquée contre son dos observait le paysage défiler. Kip était de dos, c’était comme s’il n’existait pas. Il n’y avait que Clochette. Clochette et ses envies.



Alors ses mains se risquèrent à remonter, lentement, comme si elle avait peur qu’au moindre faux pas, ce sentiment si agréable disparaisse d’un seul coup et qu’elle se retrouve dans sa vie d’avant, la vie normale où elle croisait Kip alcoolisé, parfois violent à chaque fois qu’elle enfilait son tablier au Purple. Jamais seul, toujours une poupée coincée contre lui comme s’il était un bâton de vieillesse. Un serpent de frissons vint enserrer sa gorge et irradia toute sa colonne vertébrale quand ses paumes quittèrent son ventre et trouvèrent le grain de la peau de son torse à travers ses habits, découvrant ses aspérités, l’empreinte de ses muscles, l’adrénaline était forte, bien trop forte pour elle. Mais elle en voulait plus. Beaucoup plus.

Elle avait besoin de plus.


C’est alors que Chicago s’offrit à ses yeux, imposante, boucherie extraordinaire à ne plus savoir si les lumières qui la faisaient étinceler de mille feux étaient l’éclat de la vie qui grouillait en elle ou celle de la mort qui la pourrissait de l’intérieur, le reflet malsain des torrents de sang qui coulaient dans les rues. Clochette connaissait les deux aspects de la ville, elle connaissait le point charnier où ces deux mondes se rencontraient, elle connaissait les acteurs de cette dualité, ces êtres de lumières, charismatiques, captivants, envoutants… Ces êtres d’ombres, redoutables, terrifiants, extraordinairement cauchemardesques.


Retirant son casque, elle le posa sur la salle, une fois la moto mise sur la béquille et s’avança face au vide, immédiatement happée par la sensation grisante d’être au sommet du monde, d’être Reine de tout ce qu’elle voyait, qu’elle aurait pu détruire en un claquement de doigts. Mais au lieu de ça, elle s’assit en tailleur, une brise fraiche caressant la peau de sa joue, soulevant doucement ses cheveux, les yeux grands ouverts, reflétant les lumières urbaines. Ce courant d’air pénétra ses vêtements qui n’étaient pas prévus pour autre chose que la chaleur du Purple et elle ne chercha même pas à réprimander un frisson, son esprit avait bien plus intéressant à faire.


Presque machinalement et comme elle le faisait après chaque journée (ou plutôt nuit) de travail, elle porta ses mains à ses cheveux et les détacha, les laissant tomber de chaque côté de son visage, voleter dans le vent à chaque nouvelle brise qui faisait naître des frissons sur ses bras. Son regard se détacha presque avec peine de ce spectacle et se tourna vers Kip, s’accrochant à lui comme à une bouée de sauvetage, l’air inexpressif mais le regard beaucoup plus parlant, le regard qui hurlait tout ce qu’elle ressentait, le regard qui prouvait bien que son cœur était à deux doigts de lui sortir de la poitrine. Honteusement, elle s’était quelques fois imaginer ce à quoi elle aurait pu ressembler en acceptant de céder à des avances qu’il n’avait même pas proféré à son égard, ce à quoi elle aurait pu ressembler à ses côtés, pour une nuit, ou une journée, ou une semaine, ou même plus. Et elle n’avait pas du tout aimé ce à quoi ses pensées l’avaient fait ressembler. Non. Elle ne voulait pas être une poupée de plus accrochée à son bras, incapable de laisser partir, à s’inventer des perspectives d’avenir avec lui, elle ne voulait pas s’affaiblir, elle voulait continuer à mener. Instinctivement, son regard se fit plus dur. Dur, mais toujours accroché à lui et incapable d’arrêter de le regarder. Dur mais plus il s’approchait d’elle, plus elle souriait.



« J’imagine que c’est d’ici qu’on t’a balancé ? »



Elle s’en voulait presque de briser ce silence mais l’amener jusqu’ici correspondait à une attaque pour elle. Trop pernicieuse pour qu’elle reste sans rien faire. Kip jouait avec ses nerfs, constamment, avec ceux qui reliaient son cerveau et son cœur, avec ses pensées qu’il semblait monopoliser et cette escapade nocturne ressemblait à un coup de grâce qu’elle ne pouvait laisser l’atteindre.

Alors elle s’amusait à faire référence à son état, le corps aussi cabossé que le cœur comme s’il était passé sous un train en marche, ou si on l’avait jeté d’une falaise, par exemple. Tout ça pour détourner l’attention d’elle.

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