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Levine Zelman
Levine Zelman
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Les remèdes à l'amour. | Ragoût Empty Les remèdes à l'amour. | Ragoût

Dim 17 Jan - 1:39

15 janvier, 17h26

Les remèdes à l'amour.
Stew & Marion

Il y avait une étrange odeur de mélancolie dans les couloirs de l’université. Marion, le nez dans son café arrosé de rhum, tentait tant bien que mal d’éviter le parfum de vague à l’âme qui lui tordait les entrailles chaque fois qu’il baissait son gobelet. L’effervescence constante, le bouillonnement incessant, le bruit assourdissant des pages qu’on tournait, du papier qu’on griffait, des claviers qu’on martelait … il aurait aimé les vivre, plus jeune. Il ne regrettait pas sa carrière, moins encore les choix drastiques qui l’avaient porté où il se trouvait aujourd’hui ; et pourtant, le trentenaire ne pouvait s’empêcher de songer à la couleur qu’aurait eu son avenir s’il avait emprunté un autre chemin. S’il s’était contenté d’être égoïste. S’il s’était accroché aux bancs de l’école plutôt que de se salir les mains dans le cambouis et le sang à seize ans à peine. Si, comme Stew, il avait persévéré dans ses études. Nostalgique d’une vie qu’il n’avait jamais eue, il avala une longue gorgée caféinée en bifurquant sur la droite.

Malgré la taille de l’université, Marion savait parfaitement où il se rendait. Il connaissait le chemin par cœur pour s’être perdu une bonne dizaine de fois lors de ses premières visites, aussi arriva-t-il en avance au lieu de rendez-vous. Un coup d’œil à l’écran de son portable lui indiqua qu’il restait une bonne dizaine de minutes avant la fin du cours, et qu’il avait manqué une vingtaine d’appels de sa chère et tendre. Ex chère et tendre. Un soupir las franchit ses lippes. Il noya son humeur chaotique dans une nouvelle lampée de café, se débarrassa du gobelet dans la première poubelle venue, et tira la porte de l'amphithéâtre pour y entrer.

Stew, fidèle à lui même, noircissait un tableau d’équations sans queue ni tête qui filèrent immédiatement un mal de crâne du diable au proxénète. Il se fit aussi discret qu’il le put en s’installant dans un coin de la salle, ne répondant pas aux paires d’yeux qui convergèrent vers lui quand le siège sur lequel il prit place grinça comme les cordes d’un violon attaquées à la scie rouillée. Marion se contenta de fixer son époux et de hausser brièvement les sourcils pour le saluer lorsque leurs regards se rencontrèrent.

Il étendit les jambes sur le banc en contrebas et s’adossa plus confortablement, croisant les bras, tentant de suivre la leçon du jour. Les chiffres n’avaient ni sens, ni intérêt particulier à ses yeux, quand les lettres y trouvaient grâce. Le front plissé de concentration, il essaya malgré tout de déchiffrer les pattes de mouche de son ami mais abandonna bien vite. Les calculs, les problèmes, les inconnues, il les avait volontiers laissés derrière lui en quittant prématurément l’école, se fichant bien de valider le secondaire. Marion avait parfaitement réussi sa vie sans ce vulgaire bout de papier qui ne rendait guère plus heureux. Seuls les parents se satisfaisaient d’un diplôme de fin d’études, comme le torchon les rassurait sur leur capacité à produire et élever de petits génies tout juste bons à recracher ce qu’une armée de professeurs aigris avait mis des années à leur faire gober de force. Sa génitrice n’ayant pas réalisé qu’il était entré à l’école primaire puis au collège, dieu savait qu’elle ne se serait pas intéressée à son succès estudiantin. Le squelette n’avait de toute manière jamais été bon qu’à distribuer des coups dans la cour de récréation. Sa culture, il ne la devait finalement qu’aux livres qu’il avait eu la clairvoyance d’avaler tout au long de sa vie quand son intelligence était étroitement liée à son instinct de conservation et son besoin de plus.

On s’anima soudain un peu plus bas. Les étudiants fermèrent leurs carnets de notes et ordinateurs dernier cri - comment faisaient-ils pour travailler une telle matière sur écran ? -, remballèrent leurs affaires, jetèrent leur sac sur l’épaule et grimpèrent l’escalier pour s’enfuir vers une vie meilleure. Certains regard s’appesantirent sur lui au passage ; il ne releva que les prunelles féminines, décochant un sourire charmeur aux plus intrigantes, suivant même de ses orbes glauques une gamine aux cheveux châtains dont il reluqua le déhanché.

« J’aurais dû faire prof, regretta-t-il en claquant ses paumes sur son pupitre. »

L’attention du trentenaire se porta à nouveau sur son mari, tout aussi hypnotisé par le balancement de hanches de la dernière demoiselle à être sortie qu’il avait pu l’être. Il se leva, dévala l’escalier descendant jusqu’à l’estrade et se présenta au maître de conférence. Il lui flanqua une franche accolade, s’appuya sur son bureau et contempla l’amphithéâtre, l’air rêveur, un sourire carnassier déchirant son masque de mort.

« Je me serais fait virer directement pour avoir tronché une partie des gamines inscrites à mes cours. Il ricana, sa grimace s’élargissant davantage. Les plus bonnes ! Comme la petite dernière, là. Je lui mettrai bien des points en plus, putain. Dis-moi que t’as son numéro de téléphone, que t’as pas encore tapé dedans, et que je peux y aller allègrement. »
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Les remèdes à l'amour. | Ragoût Empty Re: Les remèdes à l'amour. | Ragoût

Lun 18 Jan - 13:22


Les remèdes à l'amour
@Marion Marshall & Stew Campbell

Stew et Marion ne se ressemblait pas. Et au-delà des différences physiques qui étaient des plus évidentes, il y avait également les chemins de vie qu’ils avaient emprunté. Stew s’était levé aux aurores, sept heures et avait passé cinq bonnes minutes à pester contre son téléphone qui lui servait aussi de réveil. Plus de dix ans qu’il enseignait, plus de dix ans qu’il avait à se lever à la même heure les mêmes jours de la semaine, il ne s’y était jamais habitué. Trainant ses jambes nues jusqu’à sa fenêtre pour en ouvrir les volets. Dehors, la nuit régnait encore. Ses pensées s’envolèrent un instant vers Marion, son meilleur ami, son mari aussi également, accessoirement, l’alliance qu’il portait à l’annulaire comme témoin de cette nuit trop arrosée où ils s’étaient réveillés mariés. Il avait ri, sa compagne du moment beaucoup moins.

Stew imagina Marion en train de se trainer jusqu’à son lit après avoir passé la nuit à terroriser les habitants de Chicago. Parce que Marion était un homme d’affaire qui pensait à la pérennisation de son « entreprise », mais, étant un homme, qui pouvait lui en vouloir de s’accorder un petit plaisir de temps en temps ? Coucher avec une employée, tuer un client récalcitrant…

Finissant par fermer sa fenêtre, l’air vivifiant du petit matin l’ayant assez réveillé, il entreprit d’allumer le chauffage de sa salle de bain, sa cafetière et son ordinateur. Ses matinées se suivaient et se ressemblaient toutes, bien loin de l’image de son mari et de sa vie de surprises constantes. Stew avait un programme bien défini. Réveil à 7h, parfois snooze jusqu’à 7h15, douche rapide, café en scrollant indéfiniment sur les réseaux sociaux ou en corrigeant les copies qu’il avait eu la flemme de corriger la veille puis il passait sur son ordinateur et passait ses cours en revue pour être sûr qu’il n’y avait aucune erreur et que toutes ses explications étaient claires.


C’était son principal problème en tant que professeur. Son sarcasme en était bien sûr un mais ce que ses élèves lui reprochaient le plus c’était son manque de clarté. Stew était un génie mais son génie ne se manifestait que lorsqu’il devait résoudre des équations interminables de tête, et aurait vraiment été utile si la Terre avait été menacée par un présentateur des Chiffres et des Lettres. Les maths. C’était toute sa vie, tout ce qu’il savait faire, tout ce pour quoi il était fait. Et étrangement, même à son âge, il continuait d’apprendre. Apprendre à s’exprimer, apprendre à s’expliquer, à vulgariser sa matière, ses calculs, trouver toujours de nouveaux moyens mnémotechniques pour ne pas perdre ses élèves en cours de route. Il fallait trouver des astuces, passer par des chemins que lui-même ne soupçonnait pas pour expliquer l’algèbre à une classe de licence maths ou les équations du second degré à une classe de littéraires.

En réalité, ces derniers étaient sans doute ses élèves préférés. C’étaient ceux qui lui réservaient le plus de surprise. Parce que leur cerveau ne fonctionnait pas comme le sien, parce qu’ils pensaient métaphores et arts divers quand Stew pensait nombres et calculs, quand ses élèves regardaient l’horloge qui semblaient avoir arrêter de fonctionner en plein cours, ils pensaient certainement à la métaphore du temps qui passait ou de la notion du temps en philosophie : une des questions majeures. Du latin tempus, il induisait la division de la durée ; Il était un moment, un instant. Souvent perçu comme un changement continuel et irréversible, où le présent devenait le passé. Au sens plus philosophie, il était surtout le milieu homogène et indéfini, dans lequel se déroulait les évènements. Il est alors analogue à l’espace.

Qu’était-ce que le temps pour les philosophes ? Une donnée à laquelle on ne pouvait se soustraire. Le temps renvoyait à la finitude de l’homme, le cadre indépassable de son existence. Pour Pascal, par exemple, le temps provoquait un effroi, lié au sentiment de l’infini : “L’homme est un point perdu entre deux infinis“.

Et qu’en pensait Stew, en voyant cette horloge qui semblait marcher au ralenti ? Il se disait sûrement que Le principe de fonctionnement de toute horloge mécanique reposait sur la combinaison des trois fonctions suivantes : Une source d'énergie qui permettait d'entretenir le mouvement de rotation (un poids moteur). Un régulateur : Un pendule (ou balancier) donnait une référence de temps précise et invariable.

Tout était mesurable. Tout était calculable, de la simple horloge à la plus grande super nova.
Le bonheur qui étira ses lèvres dans un sourire sincère en voyant son mari prendre place dans le fond de l’amphi était aussi mesurable mais il ne s’embêta pas à y penser et se contenta de lui sourire sans arrêter son cours. Aujourd’hui, il tentait d’expliquer les modes de génération d’une suite numérique aux littéraires, à ses élèves les plus difficiles. Difficiles pour lui, parce qu’ils le poussaient sans cesse à trouver de nouvelles manières de leur expliquer, c’était aussi les cours les plus fatiguant pour lui mais c’était de la bonne fatigue. Celle qui prouvait simplement qu’il aimait son job. Il ne put s’empêcher de pousser un léger soupir quand il termina son cours et les observèrent ranger leurs affaires, eux aussi, sans doute, très soulagés de pouvoir quitter la salle. Non sans un regard pour Merle, Stew aussi finit par ranger ses affaires quand les pas se Marion lui fit relever le museau. Enlaçant le proxénète avant de retourner à son rangement et se détourner pour effacer le tableau, un éclat de rire secoua ses épaules.


« Ouais y’en a un qui s’est fait virer pour ça y’a deux mois, mais il avait pas ton succès et le karma de fils de pute que tu te tapes donc j’pense que tu pourras les troncher sans problèmes. »


Son sourire se fana un instant quand il évoqua Merle. Pas choqué pour un sou des propos et du langage de son mari, trop habitué pour y faire même attention, il reprit ses coups de brosses sur le tableau, cherchant une manière d’expliquer quelque chose qu’il ne comprenait pas lui-même


« Ouais, j’ai le numéro de tous les élèves, ils le donnent quand ils s’inscrivent. Mais… Ouais, c’est Merle… A ce propos, y’en a pas une autre que tu voudrais visiter ? »


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Les remèdes à l'amour. | Ragoût Empty Re: Les remèdes à l'amour. | Ragoût

Mer 27 Jan - 3:05

Marion avait une rupture à digérer. Et puisqu’il n’existait pas meilleur remède à une peine de cœur inexistante que celui de se réconforter dans les bras de la première donzelle venue, il s’appliquait à trouver les lèvres qui soigneraient son palpitant faussement meurtri. Le trentenaire n’avait pas le temps de se morfondre. Il n’était pas sûr, au fond, de parvenir à un tel exploit émotionnel. Un an d’une relation aussi tumultueuse que passionnée n’avait pas suffit à le marquer au point de le faire souffrir. Pour ce qu’il en savait, il avait épuisé sa capacité à morfler entre les griffes d’une femme lorsque Liz avait claqué la porte de l’appartement en emportant ce qu’il restait de son muscle cardiaque dans sa fuite. Que sa précédente dulcinée lui ait donc craché ses quatre vérités en jurant qu’il ne l’approcherait plus jamais ne lui faisait pas plus d’effet que cela. Il avait déjà tourné la page. En réalité, il l’avait tournée avant même d’avoir terminé de la lire.

Le temps faisant, Marion s’était lassé des frasques à répétition de sa jolie blonde, de sa possessivité maladive et de son besoin constant d’attention. La chaleur de ses cuisses, si agréable fût-elle, ne compensait plus tout ce qui l’irritait. Sa voix, ses soupirs, ses râles et crises de nerf, jusqu’à sa simple respiration, avaient pris un arrière-goût amer de poison qu’il songeait à cracher bien avant qu’elle ne lui coupe l’herbe sous le pied. La jeune femme avait précipité leur rupture quand la fidélité toute relative du squelette l’avait conduit dans le lit d’une jolie rousse qu’elle avait longtemps considéré comme sa meilleure amie.

« Ouais y’en a un qui s’est fait virer pour ça y’a deux mois, mais il avait pas ton succès et le karma de fils de pute que tu te tapes donc j’pense que tu pourras les troncher sans problèmes. »

Le tatoué poussa un soupir amusé, un sourire en coin déchirant brièvement son masque de Camarde. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas connu la solitude ou la traversée du désert que nombreux célibataires éprouvaient, les roubignoles pleines à craquer. S’il n’avait pas énormément de succès, adolescent, Marion s’était vite rattrapé en entrant au service de Van. L’encre qui noircissait son derme avait terminé de parfaire son charisme, aveuglant nombreuses jeunes femmes. Elles en oubliaient leur instinct primaire de survie, se suspendaient à son cou, s’accrochaient à son bras, profitaient d’une nuit, parfois de plus, et ramassaient les morceaux de leur dignité et de leur coeur défait quand elles réalisaient n’être rien de plus qu’une distraction de passage. Elles se taisaient, généralement. On restait volontiers muet, autour du proxénète, la menace de ses foudres étant bien assez persuasive.

« Ouais, j’ai le numéro de tous les élèves, ils le donnent quand ils s’inscrivent. Mais… Ouais, c’est Merle… A ce propos, y’en a pas une autre que tu voudrais visiter ?
- Merle …? Encore une gamine avec un nom à coucher dehors. Ses parents devaient vraiment la regretter pour vouloir lui pourrir la vie d’entrée de jeu ... »

Marion lança un regard en coin à son acolyte de toujours. Tous deux connaissaient le poids que pouvait avoir un prénom, à une échelle différente. Le mort-vivant avait fait ravaler à coups de poings les gamins qui se moquaient du sien, dans la cour de récréation, jusqu’à ce qu’on ne ressente plus que l’envie de frissonner à l’entendre. Stew, lui, avait abandonné ses lettres de naissance pour embrasser une nouvelle identité. Sa mère avait créé, à force de ragoûts, un nom qu’il prendrait pour le reste de son existence. Le trentenaire n’avait pas souvenir d’avoir jamais appelé son mari autrement.

« Je vois que tu as déjà planté tes crocs dedans. Fort bien, j’ai compris le message. Il haussa les épaules. Tu lui as promis d’augmenter sa moyenne si elle te faisait les yeux doux, ou elle l’a fait naturellement, d’elle-même, sans que t’aies besoin d’user d’autre moyen de pression que ton charme ravageur ? »

La bouche en coeur, il lui envoya quelques baisers avant de s’installer sur le bureau. Dos au tableau, il considéra avec envie l’amphithéâtre, les longues tables si strictes qu’on avait marquées, graffées, gravées pour y laisser une trace, braver les interdits, simplement donner un peu de relief à une surface trop lisse et trop propre. Marion comprenait parfaitement le besoin d’abîmer : il s’octroyait ce droit avec bon nombre de femmes, trop blanches, trop intactes.

« Figure-toi que non, confessa-t-il en écartant les mains, de dépit. Je subis de plein fouet le célibat depuis vingt-quatre heures. J’ai l’embarras du choix, mais je panique sans savoir ce que je veux. Une petite étudiante, intelligente et pimpante. Une serveuse de cafétéria universitaire au sourire à s’en taper le cul par terre. Une rouquine qui connaissait potentiellement mon ex depuis l’enfance … »

Il y avait bien Eve. Eve et son besoin viscéral de lui résister par simple esprit de contradiction, son entêtement à se laisser aller chaque fois qu’il glissait ses doigts sur sa peau diaphane, son parfum obsédant. Il n’avait cependant pas envie d’elle, à cet instant précis. Marion voulait cuver son malheur imaginaire entre les cuisses d’une fille qui se respectait encore un tant soit peu.

« J’espère que t’as pas cours à huit heures demain matin, parce qu’on sort, ce soir. Pour m’aider à me décider, et pour faire passer ta frustration de ne pas pouvoir te taper ta petite étudiante sans risquer ta place ! »
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Les remèdes à l'amour. | Ragoût Empty Re: Les remèdes à l'amour. | Ragoût

Mar 2 Fév - 18:49


Les remèdes à l'amour
@Marion Marshall & Stew Campbell

Les épaules du professeur se secouèrent dans un éclat de rire quand il chambra une étudiante qui n’était même plus dans la pièce sur son prénom. C’était quelque chose de récurrent chez les professeurs chaque année, les concours de prénoms étranges, osés, drôles. Stew n’y participait pas. Du moins pas avec ses collègues. Il avait bien autre chose à foutre que de rire à côté de profs de lettres ou de philo. Alors souvent il en riait avec Marion, lui envoyait des photos de ses listes d’appel uniquement pour se moquer des prénoms de ses étudiants. Il ne risquait rien, tout le monde le faisait.


Stew plaisait. Peut-être pas autant que Marion, certainement pas autant que Marion d’ailleurs, mais il se défendait bien. Avec son air je-m’en-foutiste, son sourire ravageur, sa capacité à réaliser des équations de tête, son côté mystérieux alors qu’il n’aimait tout simplement pas parler de lui, Stew, c’était le genre de prof sujet de nombreuses rumeurs, d’histoires inventées de toute part sur sa vie privée, parfois, il en apprenait quelques-unes en surprenant des conversations entre étudiants et là aussi il en faisait part à son mari.


Son alliance avait été sujet à controverse. Peu présent sur les réseaux sociaux à part pour se constituer une collection impressionnante de memes, il n’était pas comme ces « jeunes » professeurs qui étalaient leurs études et leur vie toute entière sur internet et qui retrouvait ensuite des montages de leurs têtes placardés sur les bancs des amphis. Stew était marié, mais secret et rien n’excitait plus les étudiants qu’un secret. Du moins, ceux qui ne s’en fichaient pas. Et d’ailleurs, même ceux qui s’en fichaient et qui, globalement, étaient plus intéressés par leurs cours que la vie privée de leurs professeurs se retrouvaient intrigués par son profil de savant aux allures de tête à claque. Mais ça, ça ce n’était rien comparé à Marion. Marion c’était le paradoxe vivant par excellence. Un miracle qu’il soit encore debout et pas mort, étouffé dans son propre vomi dans un fossé ou la cervelle éclaté par une balle trop bien placée. Mais il était toujours debout, et toujours en forme, en témoignait son nombre de partenaires sexuelles par semaine qui explosait tous les compteurs.
Le sujet de cette étudiante revint sur le tapis et Stew n’eut d’autres choix que de capituler. Il ne chercha même pas à le cacher. Pourquoi cacher quelque chose à son mari après tout ?



« Oh allons, tu sais très bien que je les saque tous enfin. »



Un nouvel éclat de rire, plus sadique cette fois. Stew était dur. Tout le monde le savait. Incroyablement dur d’ailleurs, mais juste.



« Jsais pas si elle le fait pour des points en plus mais ça marche pas vraiment. Elle est nulle. Bon dieu qu’elle est nulle. Mais après, ils le sont tous dans cette classe, alors j’essaie de me concentrer sur autre chose que sur l’envie de les encastrer tous un par un dans leur bureau. »




Les gestes évocateurs de Marion le fit éclater de rire et il fit mime d’attraper les baisers lancés par son mari pour les ranger dans sa poche « pour plus tard » susurra-t-il. Ce que Marion avoua par la suite lui fit perdre instantanément son sourire


Marion célibataire ? Depuis plus de deux heures ? Il était bien plus probable qu’une tempête de neige ne s’abatte sur la ville en plein mois de juillet. Stew haussa un sourcil, incrédule avant qu’un sourire fin n’étire ses lèvres. La relation qu’il entretenait avec son mari était étrange et c’était peu dire. Étrange et incroyablement simple à la fois. Ils étaient différents, un simple coup d’œil suffisait à s’en rendre compte. Stew, le professeur en face du mort vivant qu’était devenu Marion. Pourtant, leur alliance était évidente. Aussi évidente que l’expression de surprise qui avait frappé son visage quand son mari lui avait paradoxalement annoncé être célibataire



« Toi ? Nan. Toutes les blondes du monde ont été tuées d’un coup ? »



Pas la peine de jeter un coup d’œil à son emploi du temps, il le connaissait par cœur. Ce qui était pratique avec le fait d’enseigner les mathématiques en Université, c’était qu’il ne faisait pas beaucoup d’heures. Il n’enseignait pas une matière commune à énormément de licences, les étudiants ayant plutôt tendance à fuir les sciences à la sortie du lycée et ceux qui choisissaient de continuer valsaient entre plusieurs disciplines scientifiques, dont les mathématiques. Avantage qui pouvait aussi se transformer en inconvénient quand son salaire ne suivait pas ses besoins en termes de loyers et de nourriture. Alors, quelques fois par semaine, il faisait des remplacements dans des lycées, enseignant à des adolescents qui pensaient certainement qu’il parlait une autre langue et sans surprise, c’était les lycéens les plus inventifs en terme de rumeurs, surtout que pour eux, Stew était un inconnu. « Monsieur Campbell » le mec bizarre qui venait leur parler de fonction affine et de probabilités avec un grand sourire sarcastique pendant des heures. Alors oui, il était libre. De toute façon, pour Marion, il était toujours libre.



« Quand tu veux bébé, je rentre me doucher et tu passes me prendre avec des fleurs et des chocolats ? Et si tu te débrouilles bien j’mettrai même pas de culotte. »


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