High Rise

AND I'M FEELING GOOD (kieve) & Les poupées dansantes, elles aiment briller. Se balancer, là, sur le devant de la scène. À tourner, tourner et tourner encore. Elles adorent être le centre de l'attention, pouvoir scintiller sous les feux des projecteurs. Mais parfois les poupées dansantes, derrière leur talent certain et leurs artifices, elles se font traîner au sol. Encore et encore. À bouffer la poussière jusqu'à être réduite à l'image vulgaire de poupée chiffon. Et ce soir la poupée, c'était Eve. Eve, la jolie. Eve, la fougueuse. Eve, qui était capable de prendre un rien et de le transformer en un monde entier. Façonné à la perfection sous ses doigts de fée pourtant bien écorchés par la vie. Elle avait de gros bagages sous le coude, un boulet de canon scellé à la cheville, des trucs pas facile à traîner. Y'avait certainement un peu de pitié dans le regard de Kip, quand il la regardait. Et pourtant elle arrivait quand même à lui faire comprendre que ça allait. Peut-être pas pour le mieux, mais ça allait. Y'avait cette étincelle dans ses yeux, à la blonde, quand ils percutaient l'iris de Kip. Cette étincelle qui l'apaisait et qui le rassurait. Elle replongeait en enfance avec lui et Kip, lui, il grandissait un peu à ses côtés. Elle arrivait à faire traverser un peu de chaleur dans son corps, quand elle glissait ses mains dessus, là, sur ses joues. Laissant un choc électrique parcourir son échine quand elle prenait ses lèvres en otage et qu'il ne s'empêchait pas pour autant de lui rendre son baiser. Elle le tenait lui tout entier dans ses mains. Dans cette emprise inqualifiable qui le rendait faible. « Eh bah, c'est bien la première fois que j't'entends le dire. » Manque d'habitude, pas l'habitude de faire dans la tendresse, dans la gentillesse. Les mots doux c'était un simple synonyme d'absence, dans sa bouche, au môme. Kip, il avait l'habitude de montrer avec les gestes, même s'il était toujours un peu maladroit. Il était loin d'être diplomate et même quand il s'agissait de prise de tête, c'était plus souvent les poings qui parlaient que les mots qui coulaient. Mais Eve elle arrivait à le rendre différent, moins tendu. Plus calme, encore plus quand il la sentait s'emparer de sa main pour le tirer avec elle dans son enthousiasme. Elle avait ce don de le canaliser, sans même qu'il puisse savoir exactement pourquoi. Mais le ciel qui se dressait face à lui et l'air frais qui lui claquait dans la gueule aussi, ça lui permettait de se calmer. Le toit du Square, il avait l'habitude d'y squatter, seul. La capuche sur la tête, les yeux dans le vide. Moyen de décompresser et de relâcher toutes les mauvaises ondes. Mais ce soir c'était différent, parce que ce soir, y'avait Eve. Et qu'Eve, elle criait, elle tenait pas en place. « On se les cailles, là... On aurait très bien pu les regarder depuis la fenêtre de l'appart, les étoiles. » Il se contentait d'un sourire, pour éviter de paraître moins rabat-joie. Aussi sûrement parce qu'elle était mignonne, perchée sur sa table, la clope au bec, donnant l'impression qu'elle redécouvrait le monde, ce soir. Il la rejoignait rapidement, s'asseyant à ses côtés avant de lui prendre sa clope des mains. « Mais... T'as jamais pensé à disparaître ? J'veux dire, à tout plaquer. À t'barrer de l'autre côté de la frontière et tout recommencer ? » Y'avait des milliers de questions qui défilaient, toutes plus compliquées les unes que les autres. Eve et Kip, ils parlaient beaucoup sans vraiment trop se parler. C'était des demi-confidences jusqu'à tard dans la nuit, sans jamais trop approfondir les choses. La part de mystère était encore bien présente entre eux et, d'une certaine façon, c'était sûrement mieux comme ça. « Toi, danseuse ? Les théâtres auraient fermés avant même que tu montes sur scène. » Il était moqueur, très moqueur, et il pouvait pas s'empêcher de la taquiner et de rire plus fort encore quand elle prenait la pose devant lui. Il passait ses bras autour de sa taille, l'attirant vers lui et réceptionnant son baiser, à nouveau. Laissant sa langue se glisser contre celle de la blonde, réclamant une énième danse. « T'aurais été magnifique, j'en suis sûr. » Il lui répondait d'un simple sourire, peut-être pour la rassurer, un peu. C'est vrai que tout aurait été plus simple si les choses avaient été faites différemment. Sur ce point là, elle avait raison, Eve. Est-ce qu'ils allaient réellement finir par s'en sortir ? Seul le temps avait la clé. Seul le temps tenait en sa main les réponses, même celles qu'on voulait pas forcément connaître, celles qui faisaient peur. Mais le temps à l'instant même, il était scellé. Scellé dans le regard d'Eve puis flingué par son cri strident. « Kikip ? Sérieusement ? T'as cru que j'étais un clebs ? » Il arquait un sourcil, clairement loin d'être satisfait du surnom qu'elle lui avait attribué. Le sourire arraché quand même sur sa tronche par les tentatives de la blonde pour ouvrir les bières. Qu'il ouvrit en deux-trois mouvements de ses doigts agiles avant de lui en tendre une. « À la tienne. En espérant que cette nuit nous promette de belles choses. » Il lui envoyait un clin d'œil, noyé de ces sous-entendus qu'il oserait à peine lui susurrer, alors que le liquide ambré de sa bière venait à lui caresser les lèvres. Que ses mains ne se glissent à nouveau sur les hanches de la blonde qu'il attirait à nouveau contre lui. Proximité dont il avait besoin, qui ramenait un peu de chaleur dans son cœur qui jusqu'à maintenant, était presque sans vie.
 

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AND I'M FEELING GOOD (kieve) & Le goulot froid de la canette contre ses lippes lui étirait un léger sourire. Quand il était seul avec Eve, tout semblait plus simple. Il laissait ses problèmes et ses appréhensions derrière lui. Elle était son calmant, la seule à qui il avait été capable de s'attacher jusqu'à maintenant. Malgré leur différence d'âge, ils étaient étonnamment sur la même longueur d'onde. Elle l'apaisait et faisait taire ses craintes et lui, il pansait ses plaies et essayait de lui faire voir le bon côté des choses, de tapisser sa vie d'un peu de douceur, de lui faire oublier la merde qu'elle avait accumulé au fil du temps et tous les mauvais choix qu'elle avait su faire. Et jamais il avait réussi à comprendre pourquoi elle lui accordait un peu d'importance. Parce qu'il n'était encore qu'un gosse, paumé et à la dérive. Il secouait doucement la tête sous les mots de la poupée blonde. « J'l'ai déjà fais la connerie, une fois. Et depuis, tout se passe pour le mieux. Ça m'étonnera tout l'temps. Mais... j'sais pas si j'serais capable de lâcher tout ce que j'ai maintenant pour le refaire. » Il haussait les épaules, indécis. Il aurait aimé pouvoir la rassurer, lui assurer qu'il allait la suivre. Mais depuis qu'il avait trouvé une stabilité depuis sa renaissance, après avoir lâché son père, il en était pas certain. Parce qu'il avait entre les mains la vie qu'il avait toujours voulu avoir et parce qu'on lui accordait enfin un minimum d'importance. Il était traité comme un prince et non plus comme un véritable gosse, comme un vilain toutou qu'on hésiterait pas à piétiner si on venait à le croiser. « T'aurais rien eu besoin de faire, tu les aurais rendues toutes jalouses. » Il était foutrement sincère parce que la blonde, elle avait beau se dénigrer, elle avait un corps que n'importe quelle autre poupée dansante rêverait d'avoir. Et il était heureux de pouvoir la posséder quand elle écrasait ses lèvres contre les siennes. Par ce geste elle arrivait à les enfermer dans une bulle, à mettre le temps en suspend. C'était beau, c'était doux quand la réalité minable du monde autour d'eux n'existait plus. « Ouais, peut-être bien que c'est le seul truc qui m'assimile à un clébard. » Il laissait un rire dépasser la barrière de ses lèvres avant de trinquer une nouvelle fois avec la blonde. Le tintement de leurs canettes faisait s'évaporer leurs mauvaises pensées, tapissant leurs visages de sourires d'enfants gâtés. Gâtés par la vie, chanceux de se retrouver ici, ensemble, avec personne pour venir les emmerder. Il aimait son étreinte, pouvoir la sentir contre lui alors qu'elle se glissait dans ses bras. C'était simple et d'une douceur dont jamais personne n'avait témoigné envers lui. Automatiquement, il scellait leur étreinte en enlaçant la taille de la blonde de ses bras, la pressant une énième fois contre lui avant que ses doigts ne viennent à se lier à ceux de la blonde. « J'pense qu'on est assez grands pour passer au-dessus de ça. C'est pas nos boulots qui nous empêcheront de nous voir ni quoique ce soit d'autre, tu vois bien. On serait pas là ce soir, sinon. » Il la suivait du regard alors qu'elle se plantait face à lui. Dans un élan de tendresse, sa main se posait sur le visage de la poupée et il lui caressait la joue de son pouce, doucement. « Et tu penses que j'serais capable de t'apporter tout ça ? J'veux dire, j'suis qu'un gosse encore. Tu mérites peut-être mieux, tu crois pas ? Quelqu'un qui peut t'élever et t'faire briller, comme tu l'mérites. » Il sent un léger pincement dans sa poitrine quand il la voit s'éloigner. Parce qu'il la ressent, il comprend bien son état d'esprit. Alors il se relève à son tour pour finalement se dresser devant elle, encore. Son regard fini par chercher celui de la poupée blonde, à qui il arrache brusquement la clope du bec pour la jeter au sol. Ses mains finissent par attraper le visage d'Eve et ses yeux se plantent finalement dans les siens. « Arrête de vouloir te rabaisser. Tu vaux bien plus que ça, Eve. Tu te voiles la face, t'es magnifique et ton boulot te qualifie pas. Loin de là. Et si je t'appréciais juste pour ton cul j'me casserais pas la tête à essayer de vouloir te faire comprendre que j't'aime bien, pour des centaines d'autres raisons que juste ton cul. » De son pouce, il réprimandait une nouvelle larme qui roulait le long de sa joue. Et une nouvelle fois il scella ses paroles en réclamant un contact avec ses lèvres qu'il prit sans même en avoir la permission.
 

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AND I'M FEELING GOOD (kieve) & Elle était douce, Eve. Elle était belle. Abîmée par la vie, la peau scarifiée de ses mauvaises aventures. Ça lui ajoutait un charme, ce petit truc que beaucoup n'avaient pas. Ça la rendait plus intéressante, plus intrigante. Elle était spéciale, Eve. Spéciale aux yeux de Kip parce qu'elle avait été la seule capable de lui offrir un brin de douceur dans sa pauvre vie, un peu de tendresse. C'était la seule qu'il respectait réellement, pour qui il avait beaucoup d'estime. C'était la seule qui lui offrait un peu de son temps, elle lui arrachait même un sourire quand ses mains glaciales se posèrent sur ses joues. Il espérait de pouvoir voir les choses en grand avec elle, le palpitant couvert d'espoir, d'envies plus folles les unes que les autres. Peut-être que cette fois, c'était la bonne. Celle avec qui il pourrait espérer faire un bout de chemin. Mais les choses étaient encore bien trop compliquées. Leurs différentes situations, leur différence d'âge. C'était encore qu'un môme alors qu'elle, c'était déjà un petit morceau de femme. Confrontée à ses problèmes d'adultes, à ses problèmes de pute. L'appartenance à son mac, tous les clients qu'elle enchaînait. Ça faisait naître en lui une forte réticence qui lui arrachait un frisson de déception. Mais il ne lui dirait pas ou alors pas tout de suite. Trop d'optimisme planté dans le crâne, l'envie de voir le bon côté des choses. Parce qu'ils étaient attachés, l'un à l'autre. Parce qu'il l'aimait vraiment bien, au fond. C'est sans doutes pour ça que la voir pleurer lui arrachait le cœur, le tiraillait de l'intérieur. Il réprimait ses larmes aussi bien qu'il le pouvait, il essayait de la rassurer, de lui faire comprendre qu'il était là pour elle. Envers et contre tout. « Je te l'ai déjà dis, je serais toujours là. Arrête de t'inquiéter. » Il la couvrait d'un sourire rayonnant comme à son habitude, ses lèvres se déposant sur le front de la blonde sur lequel il déposait un baiser, comme pour souligner ses dires. Coupé dans sa lancée alors qu'elle répondait au téléphone et qu'elle le repoussait dans la foulée. Il n'eut même pas le temps de lui demander qui était au bout du fil que la blonde se dégageait de leur étreinte, quittant la serre. Il emboitait le pas vers elle tandis qu'elle se hissait sur la bordure du toit. Son palpitant loupait un battement, certainement deux ou trois même, quand il la voyait à deux doigts de se foutre en l'air. Il courrait vers elle, lui choppant le bras peut-être un peu trop brusquement, sa main serrant sûrement trop fort le haut de son bras. « Putain Eve, descend de là, à quoi tu joues ?! » Son cœur battait à tout rompre, la peur le poussant à pomper plus fort alors qu'il la dégageait de la bordure du toit, récupérant son corps usé entre ses bras qu'il enveloppait à nouveau autour d'elle. « Calme toi, ça va aller... » Sa main se rabattait sur le crâne de la poupée alors qu'il perdait ses doigts dans ses cheveux, rassuré de l'avoir contre lui plutôt que d'avoir eu à la récupérer à la petite cuillère en bas de la tour. « C'était qui, au téléphone ? » Il relevait sa tête, encadrant son menton à l'aide de son pouce et de son index, la colère dissimulée dans ses iris. Il avait bien compris ce qu'il se passait, ce qu'on lui avait demandé. Il avait réussi à tirer quelques informations du peu qu'il avait pu entendre de l'appel. « Tu vas y aller. Et j'vais venir avec toi. Que tu le veuilles ou non, c'est pas discutable. » Il avait un ton menaçant, les sourcils froncés, la mâchoire fermée et la colère grandissant dans ses trippes. Prêt à jouer les héros pour mettre fin à tout ça. À ses risques et périls.
 

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AND I'M FEELING GOOD (kieve) & C'était une gosse compliquée, Eve. Compliquée à vivre, compliquer à comprendre, compliquer à cerner. Elle donnait toujours l'impression d'être au bord du gouffre, d'être à deux doigts de se foutre en l'air. Prête à sauter dans le vide, à baisser les bras à la moindre occasion. La vie l'avait trop souvent tabassée, ça lui avait laissé des séquelles que même le temps n'était pas capable de réparer. Elle était fragile, une véritable poupée en porcelaine. Et Kip, d'une certaine façon, il était impuissant. Incapable de la maintenir les pieds sur terre, de lui remettre les idées en place. Il essayait tant bien que mal de la raisonner, de lui faire comprendre les choses pour qu'elle puisse les voir du bon côté. Mais c'était une opération trop complexe de vouloir lui rentrer dans le crâne, de lui inculquer. C'était dur de trouver les mots justes pour la convaincre. Les gestes étaient parfois plus suffisants, c'est ce qu'il s'était dit quand il l'avait dégagée de la bordure du toit alors qu'elle menaçait de se foutre en l'air, cette fois pour de bon. « T'es bien plus forte que ça putain, quand est-ce que tu vas le comprendre ? » Il voulait tabasser ses doutes à grands coups de massue, réduire ses idées noires à néant. Mais c'était encore qu'un gosse Kip, un môme qui ne savait rien ou que très peu de choses de la vie. Il avait encore du chemin à parcourir et il n'était pas capable de comprendre la situation d'Eve, quand bien même plusieurs fois elle avait essayé de lui expliquer. Il était du genre à rêver d'utopie même quand le monde était littéralement capable de se casser la gueule autour de lui. Il réprima un sursaut alors qu'elle s'agrippait violemment à lui. « Je t'ai dis que je viendrais avec toi. Et que personne te toucheras ce soir. Ni un, ni douze, ni trente-six. J'suis assez clair ou j'dois t'en faire un dessin ? » La rage faisait claquer sa mâchoire, lui mutilait les trippes. Il avait le sang-chaud, l'habitude de partir au quart de tour à chaque fois que quelque chose n'allait pas dans son sens. Et lorsqu'il était attaché à quelqu'un et qu'on faisait du mal à ce quelqu'un, ça l'atteignait directement lui. C'était le cas avec Eve, ce soir. Il était prêt à se mettre en danger pour elle, quitte à tomber sur quelqu'un d'armé en l'accompagnant. Quitte à finir à l'hôpital, la gueule éclatée. Juste pour qu'elle puisse s'accorder un moment de répit. Qu'elle ai quelques heures pour souffler, pour se remettre en état. Il n'arrivait pas à avaler le cachet, à accepter qu'elle puisse se forcer, encore moins qu'elle soit prête à souffrir encore et encore, toujours un peu plus à chaque client avec qui elle était obligée de coucher. Sa remarque le laissa silencieux, il l'observait, les sourcils froncés. « T'es sérieuse, tu penses à ça maintenant ? » Et pourtant, elle était loin d'être dans le faux. C'était ce qui l'attendait, Kip. Reprendre la main sur un royaume de débauche et de luxure. Régner en maître, jeune apprenti proxénète. Il lâcha un soupire alors qu'elle se logea à nouveau contre lui, alors qu'il entourait son corps faible de ses bras, réclamant lui aussi un peu de chaleur, du peu qu'elle pouvait encore lui en offrir. « C'est pas grave. On y est pas encore, de toutes façons... » Il avait largement le temps avant de pouvoir reprendre le flambeau. Il restait bien des années devant lui avant que Marion ne décide de prendre sa retraite et, connaissant son patron, il finirait par prendre sa retraite seulement le jour où il finirait les yeux. Et Kip savait bien que Marion était increvable et qu'il faudrait une tragédie sans nom pour l'emprisonner entre quatre planches. Sa main glissa le long du bras d'Eve, accrochant finalement sa main alors qu'il la retenait un peu plus. « Attends moi. J't'ai dis que je venais avec toi. » Il se releva dans un geste brusque, son sang peinant à couler le long de ses jambes à nouveau. Il la suivit de près, quittant à son tour la serre. Le regard noir, déterminé, peut-être un peu flippé aussi de pas savoir ce qui l'attendait réellement. Il rappela l'ascenseur alors qu'ils entraient dans le couloir, s'enfonçant dans la boite métallique avec Eve. Il pivota sur lui-même pour lui faire face, plantant ses ambrés dans celles de la blonde. « J'espère que tu m'en voudras pas, si ça tourne mal. » Il parlait d'une éventualité alors qu'il savait très bien comment ça allait se passer. Que ce n'était pas des mots qui allaient régler quoique ce soit, qu'il allait devoir sortir les armes pour parvenir à ses fins. Et tant pis si ça devait finir en bain de sang...
 

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AND I'M FEELING GOOD (kieve) & Un soupir déchira ses lèvres, tandis qu'un surplus de questions se bousculaient dans sa tête. Et si les choses finissaient mal ? Et s'il s'en prenait à Eve ? Il ignorait la tournure que les choses allaient réellement prendre. Il essayait de se rassurer lui-même, d'apaiser son âme et, d'une certaine façon, de ne pas rendre la tâche plus difficile pour Eve. S'il avait été plus rapide, avec un minimum de jugeotte, il aurait pris le téléphone d'Eve au moment du coup de fil. Il l'aurait balancé par-dessus la bordure du toit, et tout aurait été réglé. Ils auraient pu continuer à laisser les heures défiler sans se soucier de quoique ce soit autour d'eux. Mais il était déjà trop tard pour faire machine arrière, pour espérer obtenir un ticket d'or et faire un saut dans le temps. Il ne pouvait plus se dégonfler et elle, elle allait lui servir d'appât. Elle le couvrait d'un peu de calme et de sérénité lorsqu'elle l'embrassait à nouveau. Son dos se plaquait contre le mur de l'ascenseur alors qu'il noua ses bras autour de la taille de la blonde, l'attirant un peu plus vers lui. Il aurait aimé qu'il tombe en panne, qu'ils soient contraints de rester bloqués là, pendant des heures, quitte à y passer la nuit. Il détacha ses lèvres des pulpeuses d'Eve un instant, maintenant suffisamment proche son visage du sien pour que leurs souffles ne cessent de se mélanger, encore. « Ça va bien se passer, j'te le promet.. » Une promesse à la vas-vite, à peine murmurée, à peine pensée. Il n'avait aucune idée de la personne sur laquelle il pouvait tomber. Encore moins à quel type de mec elle allait être confrontée, elle. Et c'est sans doutes ce pourquoi il tremblait, intérieurement. Il n'avait pas peur pour lui. Se prendre des coups dans la gueule et se faire péter les dents, c'était un peu une question d'habitudes. Il en avait maté d'autres, des mecs. Bagarreur, il avait gardé des séquelles un peu partout sur son corps. Quelques cicatrices bien creusées auxquelles même le temps ne pourrait plus remédier. Certaines bien plus récentes que d'autres. Il avait simplement peur pour Eve. Parce qu'il la voyait fragile, parce qu'il la savait sans défense et faible. Kip, c'était le seul à pouvoir la sortir de cette merde et le seul à pouvoir lui éviter que ça dérape, qu'elle doive encaisser des coups de reins ou des coups de poings. La rage le gagnait lorsqu'il la suivait jusqu'à son appartement. Il en ignorait presque le fait que c'était la première fois qu'il y mettait les pieds. Il réprimait involontairement de jeter un coup d'œil sur la décoration, de souligner l'odeur de sexe qui embaumait l'appartement. Il se sentait nerveux, son pied frappant mécaniquement le sol, de façon répétitive et incessante. Ses iris s'attardaient sur Eve. Eve qui se dévoilait à nouveau à lui, presque nue, simplement vêtue d'une lingerie qui ne lui était pas destinée, à Kip. Il serrait la mâchoire, accueillant tant bien que mal le baiser qu'elle venait lui offrir. Mais l'idée de devoir laisser entrer un homme dans l'appartement lui donner envie de tout péter autour de lui. D'exploser avant même que la bombe soit amorcée. Il enveloppait une nouvelle fois le corps de sa poupée blonde de ses bras, son front se collant contre le sien. « T'as pas à avoir peur... Ça va aller, tu m'fais confiance ? » Il la couvrait d'un sourire forcé, essayant de se convaincre lui aussi que ça n'allait pas finir en bain de sang. Mais il se connaissait trop bien pour savoir que c'était des fausses promesses qu'il lui faisait avaler. Son sang ne fit qu'un tour lorsque la sonnette de l'entrée retentit. Il se dégagea automatiquement de l'étreinte d'Eve, reculant de quelques pas pour se rabattre dans la salle de bain, sans prendre la peine d'allumer la lumière et surtout pour éviter d'alerter l'homme de sa présence. Il retint son souffle, les poings serrés, le regard noir et la mâchoire fermée. Il bouillonnait, encore plus lorsqu'il entendit un bruit sourd de l'autre côté de la porte, suivi de la voix d'Eve qui suppliait certainement l'homme d'arrêter. Il aurait pu se retenir d'intervenir tout de suite. Mais ses pulsions le firent trop rapidement passer le pas de la porte, le forçant à déposer le regard sur la scène qui se déroulait devant ses yeux. Sans même pouvoir lutter, il envoya sa main attraper les cheveux de l'homme, suite à quoi il envoya son visage frapper de plein fouet le mur qui se dressait devant lui, lui pétant sûrement le nez ou une arcade au passage. « BOUGE, EVE ! » Il ne lui laissa pas non plus le temps à elle de se dégager de l'homme, qu'il la poussa quelques mètres plus loin, sans contrôler sa force. L'impulsivité aux creux des poings, il empoigna les épaules de l'homme, le forçant à lui faire face, ses ambrés noircies par la colère se plantant dans les siennes automatiquement. « Ecoute moi bien, sale fils de pute. Tu vas gentiment remballer ta queue et foutre le camp de chez elle, j'suis clair ou faut que j'te fasse bouffer ton gland pour que tu comprennes ? » Le ton menaçant, la colère grandissante avec les secondes qui défilaient de plus en plus vite, il l'envoya une nouvelle fois frapper le mur dans son dos. Il se redressa ensuite, tournant la tête vers Eve et emboîtant quelques pas dans sa direction. Mais il fut trop rapidement coupé dans son élan, projeté à son tour au sol par des mains trop brusquement plaquées contre son dos. Il manqua de s'éclater le nez contre le parquet, pivotant sur lui-même, forcé de constater que ses coups n'avaient pas suffit à dissuader l'homme de ses pulsions. Il se redressa à nouveau, ses pieds retrouvant la stabilité du sol avec un peu plus de difficulté, glissant sa main dans la poche de sa veste pour en tirer son couteau à ressort. Tout se figea, tout se stoppa autour de lui lorsque l'homme se rua dans sa direction. Un réflexe digne d'un faux pas, il envoya sa lame frapper les côtes du type en face de lui, le laissant retomber sur le coup, dans un cri grave de douleur qui lui arrachait un mouvement de recul. Le regard tombant en sa direction, il senti son cœur louper un battement, son couteau retombant sur le plancher dans un bruit métallique sourd. Il avait franchis la ligne de trop. Il avait merdé. Il avait merdé, et c'était foutu maintenant. Pour lui, pour elle, pour eux.
 

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AND I'M FEELING GOOD (kieve) & L'adrénaline l'avait frappé en pleine gueule, le forçant à agir plus violemment que ce qu'il avait osé promettre à la base. Une pluie de coups de poings s'étaient écrasée sur la gueule du pauvre type. Pourtant, il avait entendu les cris d'Eve, derrière lui. Eve qui essayait de le retenir, de le faire revenir à la raison. Mais la haine avait noyé ses yeux, sa tête, son corps tout entier. Et il s'était lâché, frappant un peu trop fort, à de trop nombreuses reprises. Jusqu'au point de non retour, quand sa lame avait fini par perforer la peau de l'homme et se loger contre ses côtes. Il avait merdé. Il était fini. Un frisson, un battement de cœur en suspend avant qu'il ne se reprenne, les idées à nouveau plus ou moins claires. « Merde... » Il soupira, ramenant ses mains sur son visage, à la naissance de ses cheveux. Son regard détaillait le corps devant lui, alors qu'il commençait petit à petit à percuter, à comprendre tout ce qu'il avait fait, ce qu'il avait pu causer. Les phalanges tabassées par les coups, colorées de sang, la lèvre légèrement ouverte suite à sa chute. Ses blessures à lui étaient minimes, quasi inexistantes comparées à celles qu'il avait infligées. Il tourna les talons, pivotant sur lui même, cherchant Eve du regard alors qu'elle s'approchait de lui, sa main accrochant presque immédiatement celle de la blonde. Il cherchait un peu de réconfort, un peu de chaleur, beaucoup de soutien. Peut-être aussi qu'il cherchait à se réveiller, l'impression d'être plongé dans un putain de cauchemar. C'était la première fois que les choses allaient aussi loin, qu'elles dégénéraient à ce point. Il avait planté un mec par caprice, par égoïsme, juste pour les beaux yeux d'Eve et pour l'empêcher d'avoir à se soumettre encore. Un regain d'espoir l'envahit lorsqu'il vit l'homme se redresser avec difficulté. Mais sans qu'il ne puisse apaiser ses craintes pour de bon, il vit Eve partir à la dérive. L'asséner de nouveaux coups de couteau. Plus violents, plus tranchants, plus profonds. Le retour en arrière était impossible. Encore plus lorsque l'homme s'écrasa dans un bruit sourd, la gueule la première contre le sol, se vidant de son sang qui avait déjà commencé par imbiber le parquet. « PUTAIN, ARRÊTE TES CONNERIES. » Il attrapa le poignet de la blonde avec violence, la tirant derrière lui, la forçant à se détacher de sa haine et à relâcher le couteau. Il n'avait pas pu la retenir. Elle avait extériorisé des années de prostitution, de rancœur, de haine sur un homme. Un putain de mec qui avait été là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Il la suivait du regard alors qu'elle se laissait retomber au sol, victime du retour de flammes de ses pulsions qui l'avaient fait atteindre le point de non retour. « Bordel, qu'est-ce qui t'as pris ?! » Il aurait aimé pouvoir éviter ça. Pouvoir la retenir, l'empêcher de frapper, quitte à se prendre lui, un coup de couteau. Il ne pouvait pas accepter qu'elle se soit mise en danger pour lui. Qu'elle ai foutu sa vie en l'air en crevant le corps d'un mec à coups de couteau. Parce que c'était trop tard, maintenant. Ils allaient avoir la mort d'un homme sur la conscience. Ils en étaient les fautifs, et rien ni personne ne pouvait y changer quoique ce soit. Il étouffa un hurlement de rage en mordant son poing, tandis qu'Eve s'éloignait en direction de la salle de bain. Son corps semblait plus lourd que l'habitude, le poids de la culpabilité pesant sans doute un peu trop sur ses épaules, encore contractées sous la colère de laquelle il s'était pourtant débarrassée. Il s'avança vers le corps de l'homme, fléchissant les genoux pour se tenir à sa hauteur, posant deux doigts dans le creux de son cou pour vérifier son pouls. Rien. Aucun battement. C'était terminé, foutu pour foutu. Son attention fut rapidement happée par un court bip sonore en provenance de la poche du pantalon de la victime. Il en tira rapidement un téléphone, jetant machinalement un coup d'œil sur l'écran fissuré.

Ray
09/01/21 A 02:15

Elle t'as ouvert ?

Le contenu du message lui fit tirer la gueule, alors que ses doigts finirent par pianoter un instant contre l'écran. Il n'avait pas le choix de taper dans le mensonge, se faisant passer pour le client qui était venu pour se vider les couilles entre les cuisses d'Eve. Il fallait mieux mentir que de laisser le mac de la blonde sans réponse, juste pour éviter une descente qui n'aurait pas été la bienvenue au Square, ce soir. Ça les couvrirait pendant au moins un petit temps. Il se redressa avec difficulté, emboîtant machinalement le pas en direction de la salle de bain alors que son regard finissait par accrocher celui d'Eve, à travers le miroir. « On peut pas le laisser là... J'espère que tu le sais, ça... ».
 

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