High Rise

gars de la street

( LA HAINE ) // faut bien un background. un truc pour expliquer d'où on vient. même si on refoule ses racines. qu'on butte à coup d'oublis volontaires ces souvenirs trop encrés. ceux qui tiraillent et qui donnent mal au crâne. qu'on essaie de faire disparaître alors qu'on y repense secrètement tard dans la nuit. qui étaient beaux sur le moment, mais sur lesquels on a fini par cracher avec le temps. y'a le sourire de maman qui revient souvent en boucle. les conseils, les mots tranchants parfois aussi. jusqu'à ce qu'elle finisse entre quatre planches. foutue maladie qui l'a kidnappée. trop vite, trop tôt. la tristesse suivie des coups de papa, des hématomes, des côtes fêlées, du nez déplacé. des bouteilles qui volent et s'éclatent contre les murs de la cuisine. y'a le bruit de la haine mélangé à celui des larmes. le bruit sourd des coups. des phalanges qui frappent, là où ça menace de faire mal. le daron à terre, foutue agonie qu'il aura bien méritée. la haine qui enflamme les trippes. les mains pleine du sang qui coagule déjà à l'air frais. la mâchoire qui craque sous la colère. le bruit qui se confond avec la porte qui claque. départ précipité pour devenir maître de soi-même. un au revoir brutal mais bénéfique pour pouvoir tout recommencer à zéro. davis n'est plus. à part sur les papiers.

( ÂME SOLITAIRE ) // ils ont pas rêvé en grand. l'utopie de la belle et grande famille était déjà criblée de balles. trop d'égoïsme pour agrandir encore la descendance. pour l'assurer un peu plus. pour marquer les esprits de leur grandeur. meute espérée, réduite au statut d'un seul louveteau. solitaire et devenu qu'un simple chien de la casse. la patte cassée, la fourrure calcinée de ces mégots à moitié écrasés dans le fond du cendrier. le daron aura été clair; un seul et unique gamin. pas plus, pas moins. un seul et unique souffre-douleur. son fils. ou un truc dans le genre. celui qu'il bordera à coups de poings et de claques dans la gueule. qu'il couvrira d'insultes et d'injures, toutes plus violentes les unes que les autres. maman, si elle était tombée sur un autre connard, elle aurait certainement fait les choses autrement. comme elle les avait toujours rêvées. mais le daron aura préféré creuser ce manque de fraternité pour mieux s'en frotter les doigts, se plaçant en bourreau, conquis par la souffrance de son amante et de son vilain petit canard.

( LA RUE, LA VRAIE ) // l'adolescence rayée, sur les trottoirs du quartier. la porte qui claque, plus de retour en arrière. la pluie est moins agréable à regarder lorsqu'on vit avec elle. lorsqu'elle est la seule à te rester fidèle. le soleil et la lune sont les plus agréables compagnies, le reste du temps. on se familiarise avec les intempéries, avec les ruelles sombres qu'on osait pas approcher auparavant. devenu officiellement sdf, un certain temps. on s'habitue aux regards pleins de pitié des passants. à ceux qui te jettent une pièce à la gueule, convaincus d'avoir meilleure conscience après ça. on rase les murs pour éviter d'être au mauvais endroit, au mauvais moment. pour éviter de tomber sur ces personnes louches qu'on avait pour habitude d'éviter du regard. la rue, elle l'aura fait grandir, kip. devenu prince du pavé froid de cette grande ville qui fout les boules aux gosses. le dos suffisamment dur pour crécher sur les bancs en béton près du square. et puis on rencontre d'autres personnes, ceux qui sont dans la même galère. certains plus vieux, d'autres beaucoup plus jeunes. pas forcément tous nets dans leurs têtes, certains trop souvent dans un état second. les idées sont pas toujours claires, mais on remarque l'authenticité de ces gens-là. aussi étrange soit-elle. la bienveillance en maîtresse dans leurs têtes. parce que ces cas sociaux, ils auront eu le cran de lui inculquer de vraies valeurs de la vie. celles qu'il avait évitées jusqu'à maintenant, par peur de devenir quelqu'un de moralement trop correct.  

( L'ILLUMINATION ) // la faucheuse s'en était allée, les supplices du bourreau avec, laissant place au vide. à ce manque de repaires, ce flou continu. l'amas de brume opaque qui remet en question l'existence, qui colle le doute. jusqu'à ce qu'une main se tende au milieu de la tempête, que les cieux se calment et laissent place à des horizons plus nets, plus beaux. cette main qu'on saisit sans réfléchir, bien conscient qu'elle sera capable de faire de belles choses. de remettre les choses en ordre, sur le droit chemin. l'arrivée salvatrice d'un mentor, d'un visage auquel se référer. marion, le déclic. rencontre révélatrice qui lui aura permis de se relever. comme la lumière blanche au bout du tunnel. figure paternelle qui s'en découle, ou presque. avalanche d'admiration et de loyauté qui colore finalement les pupilles, qui redonne un sens à la vie. qui fait accepter de bosser chez les h sans réfléchir. confiance aveugle, nouveau départ, nouveaux objectifs de vie.

( LES ENFANTS LUNE ) //  les étoiles vagabondes virevoltent sans réelle trajectoire. à la recherche de buts précis, d'avenirs certains, de plans à tirer sur la comète. les gamins errants, bien dans leurs baskets ou du moins, c'est ce qu'ils laissent paraître. bouffés à l'intérieur par certains mal-être sur lesquels on ne peut poser correctement les mots. animés de cette envie de réussir, quelque soit la manière. des électrons libres, certains s'attirent et d'autres se repoussent. sans vraiment l'avouer, ils se complètent tous d'une certaine façon. anarchistes en devenir, sales gosses qui essaient de renverser la société de leurs conneries depuis la chaufferie du square. ces mômes que les parents d'autres merdeux considèrent comme de sales fréquentations. y'a des engueulades qui fusent, des coups qui pètent les dents parfois. c'est électrique, ça tient jamais en place. c'est un bordel qu'on apprécie dans le silence. trop fiers pour le gueuler sur tous les toits. ça arracherait la gueule d'en parler même, ne serait-ce qu'à voix basse. et pourtant, ça comble ce manque d'affection. ce manque d'amour familial pour certains. les frères et sœurs d'autres mères. kip, ça lui réchauffe cette petite partie du cœur qu'il croyait crevée à jamais. qu'il pensait inexistante.

( L'AMOUR DU VICE ) // sans réelles attaches, jamais. l'amour est dur, l'amour est certainement mort. les sentiments sont inexistants, souvent trop peu présents. le sexe suffit à consoler et à faire taire les pulsions. je t'aime représente le plus doux et le plus mystérieux inconnu. celui à qui on ne veut pas se présenter et encore moins lui serrer la main. la luxure est douce et séductrice. elle envoûte autant qu'elle peut déchirer. les corps se tordent sous le plaisir de la chair, sous les coups de langues, les caresses maîtrisées. jusqu'à atteindre le nirvana, la descente aux enfers. les draps et le creux de l'intimité finissent souillés avant de disparaître. les corps défilent, jamais deux fois les mêmes. les nanas ont toutes des têtes de poupées différentes, celles qu'on enregistre le temps d'une nuit. elles finissent parfois en larmes, le palpitant qui menace de lacher. convaincues de vivre l'idyllique grand amour, celui des conte de fées. celui qu'on leur a vendu comme majestueux. mesdames, ce qu'on ne vous dit pas, c'est que le démon le plus sain d'esprit aussi a besoin de se vider les couilles.

( COLERE DIVINE ) // il est parfois plus judicieux d'employer les mains que les mots. l'impulsivité règne en maître et est capable d'accomplir de grandes choses. depuis môme, c'est un peu le seul moyen d'extérioriser. de rendre ces coups qu'on a trop souvent encaissés. de les infliger à tout le monde, même à n'importe qui. même à ceux qui le méritent pas forcément. un regard mal placé suffit parfois pour sortir les armes de guerre. les mains ont trop de fois finis en sang, les vêtements ont de nombreuses fois finis tâchés, de ces traces rouges qu'on effacera plus jamais. marquant la victoire et la fierté à la fois. le corps frêle, pas forcément costaud mais capable d'affliger les meilleurs coups. de viser juste, là où ça fait mal. là où ça handicape. là où ça met en position de faiblesse. victime devenue gladiateur. incapable de laisser passer une occasion de se battre.

( NUIT BLANCHE ) // les substances rallongent les heures, rendent la nuit éternelle. lorsque les pochons de weed s'accumulent sur la table basse et se vident dans la foulée. que la poudre blanche se glisse dans les narines et atteignent le cerveau. ces substances, elles embrument la tête et sont parfois consolatrices. elles font s'évaporer les problèmes le temps de quelques taffes. elles donnent le sourire espiègle, enfantin, font rire pour trois fois rien. avec la tête dans les nuages, la vie est souvent beaucoup plus simple. on se laisse aller, partir à la dérive vers cette utopie qu'on aimerait saisir. celle qui est juste là, à portée de mains quand on se retrouve dans un état second, sentiment de légèreté et de liberté. l'addiction a été rapide. presque inévitable. le daron avait l'habitude de laisser traîner ses bouts de shit sur la table de la cuisine. il aura suffit d'un peu de curiosité, de savoir-faire et d'un briquet, pour que toutes les envies de rester clean terminent par s'envoler en même temps que la fumée.

( CERVEAU MOU ) // l'inconscience qui traîne dans le crâne. vilain môme qui réfléchit pas plus loin que le bout de son nez. atteint du syndrome de peter pan. dans le fond, on a tous une part de nous qui refuse de grandir. qui aimerait rester bloqué dans cette période probablement toute sa vie. c'est peut-être un moyen de rattraper tout ce qu'il a loupé aussi. peut-être une peur, au fond. c'est étrange, c'est inexplicable et pourtant, c'est encré. comme cette addiction aux jeux-vidéos. cette manie de vouloir acheter tous les jeux possibles, toutes les consoles sorties. de pouvoir évoluer dans des mondes différents que celui dans lequel il est figé réellement. c'est un échappatoire. la porte de sortie directe pour se sentir un peu mieux dans sa peau. sûrement.

( LE BRIC À BRAC ) // le reste, vite fait. il fait de la boxe ;; il possède plusieurs planches de skate ;; collectionneur de baskets ;; méga fêtard ;; sait forcer des voitures ;; a déjà fait du car jacking ;; pick-pocket professionnel ;; addict à la malbouffe ;; doué en informatique, quelques notions de hacking ;; toujours de la musique dans les oreilles, surtout de la funk ou du rap