High Rise

gars de la street

( l’abandonnée ) // on l'a trouvé, un matin, au bord d'une route, au milieu de nul part. poupon perdu, laissé à son propre sort alors qu'elle n'avait même pas deux mois. enfin, de ce qu'on pense. personne n'en sait rien, en réalité. c'est flou, c'est mystérieux, on l'a accueillie dans une pouponnière du texas, le temps qu'elle soit adopté, ce qui a mis du temps. et si elle avait pu prévoir le futur, elle aurait préféré qu'on n'la prenne même pas.

( la dernière ) // on l'a envié, lorsqu'elle est partie, lorsqu'on lui a enfin octroyé une famille. pourtant, cora, sans savoir pour qui pourquoi, elle ne voulait pas y aller. au fond d'elle, elle savait qu'elle n'y serait pas heureuse, pas chez elle. et ça n'a pas loupé. si ses parents adoptifs ont d'abord montré un semblant d'amour pour elle, elle a vite déchanté lorsqu'elle s'est rendue compte de ce qu'il se passait chez eux. cinq autres enfants, tous venus d'états différents, voire de pays pour deux d'entre eux. tous ici pour une simple et bonne raison, devenir des pantins, des esclaves, pour que papa et maman puissent toucher les pensions.

( la sauvage ) // elle n'a échappé à la règle, elle a vite été rouée de coups à son tour si elle osait se montrer désobéissante. parce que c'est ce qu'ils faisaient si ils n'étaient pas contents, mais cora, elle n'en avait que faire. elle n'en a fait qu'à sa tête, continuant de leur tenir tête, de se mettre entre eux et les autres alors qu'elle était pourtant la plus jeune d'entre eux. elle s'est toujours dit indomptable, incapable de devenir la bonne de quelqu'un d'autre, et surtout pas d'eux. alors elle a continué, à leur tenir tête, même malgré les coups, malgré tout.

( l'héroïne ) // ils ont commencé à partir, les premiers arrivés, leurs majorités finalement atteintes. puis les derniers restants, ils en ont vu d'autres arriver. inconcevable donc de laisser cet enfer continuer, alors ils ont élaborer un plan, à leur échelle. fou, utopique. mais ils se devaient d'essayer, ce qu'ils ont fait, rapidement, maladroitement. elle est resté à la maison, cora, tandis que les autres sont partis en cachette pour dénoncer. pour espérer meilleur, un avenir. alors elle a subi une dernière fois. au nom de leur liberté.

( la vagabonde ) // elle n'est pas resté bien longtemps au texas, coco, partie se réfugier là où elle le pouvait. c'est dans l'oregon qu'elle s'est ensuite établie, sans savoir ce qu'il s'était passé pour les autres, où ils pouvaient être, s'ils avaient réussis à trouver une meilleure vie. elle, elle est resté en foyer jusqu'à atteindre ses dix-huit ans, jusqu'à ce qu'elle puisse prendre son envol, une bonne fois pour toute.  

( la nouvelle ) // elle a débarqué à chicago un peu par hasard, après avoir pris deux bus et un train sans même savoir où ils se rendaient. et de là, la faim. la soif. le désespoir. pendant un temps, elle côtoie cet environnement. elle squatte le parc, les endroits cachés, les foyers lorsqu'elle le peut. elle essaie de gratter une douche par-ci par-là. puis elle vole. elle n'a pas le choix si elle veut survivre. elle finit au sinner, un soir, elle y entre par curiosité, elle en ressort avec un job. c'est à partir de là qu'elle entend a pu commencer la refonte de sa vie. trouver un appartement, aussi miteux pouvait-il être.

( la pécheresse ) // le sinner, elle y est entré, puis elle ne l'a jamais quitté. ce qui devait être un boulot de dépannage, passager, c'est devenu son quotidien. elle ne rêve pas de plus, cora, elle se complait dans son petit train train de vie minable pas si minable que ça. elle se dit qu'au moins, elle n'est plus dehors, que dans son malheur, elle a trouvé un p'tit peu de bonheur. c'est pas l'taff de l'année, c'est certain, mais ça lui rapporte un salaire alors qu'elle était destiné à vivre dans les rues, sans un savoir faire particulier.

( la droguée ) // elle est tombé dedans par hasard, par curiosité. on lui a un jour proposé, puis elle ne s'en est plus passé. elle n'aime pas le terme de drogué, parce qu'elle ne considère pas la majiruana comme une drogue, bien qu'elle sache dans le fond que c'est pourtant bien le cas. mais elle se sent bien, lorsqu'elle fume, lorsque ses idées s'épaississent pour devenir nuages et qu'elle perd la notion du temps. elle aime les sensations, tout ce qu'elle lui procure.

( la danseuse ) // la danse. c'est son échappatoire. pas très original, mais c'est tout ce qu'elle aime. danser. tournoyer, aller à l'encontre du vent. vibrer au rythme de chacun de ses pas. rêver d'une toute autre vie, juste le temps d'une danse. elle vit danse. elle mange danse. elle boit danse. elle travaille danse. elle dort danse.

( la coloc ) // cora, elle est persuadé que c'est le destin qui les a réunis. ils étaient voisins dans cet immeuble miteux, et ils se sont rendus comptes qu'ils étaient collègues, aussi. c'est d'abord jules qu'elle a connue, son opposée dans tous les sens du terme. et jamais on aurait pu penser que le courant passerait aussi bien entre elles, et pourtant. elle pourrait faire n'importe quoi pour sa blonde, à l'instar de romeo, tout aussi important à ses yeux. et se sont bien les seuls à pouvoir se vanter -ou pas- de faire partis de sa vie, tout du moins jusqu'ici. et lorsqu'ils ont entendus parlé du square, ils n'ont pas manqué l'occasion de pouvoir vivre tous les trois ensembles, sans avoir à squatter chez les uns les autres